TAKE A DRAG OR TWO W/ BRNS

Photo : Mathilde de Morny pour TADOT

A l'occasion du festival Panoramas qui s'est tenu il y a maintenant deux mois, on a discuté avec Tim du groupe belge BRNS dont les performances live sont toujours époustouflantes, en témoigne leur passage au festival nîmois This Is Not A Love Song. L'occasion de découvrir un groupe avec un vrai discours et un regard touchant porté sur le monde sans prétention aucune.

Ce soir vous avez joué à Panoramas, ça vous a fait plaisir d'être invités en Bretagne pour ce festival ?

Grave ! C'est pas la première fois qu'on vient en Bretagne mais il fait dire qu'on y rencontre souvent un public vraiment très chaud. Là il y avait un peu moins de monde mais c'était quand même assez chouette. Le set s'est bien déroulé ! On était peut-être un peu plus concentrés que d'habitude, ça fout la pression de jouer dans une si grande salle.

Vous pouvez nous raconter l'histoire de votre rencontre et de la formation du groupe ?

En fait Antoine et Diego étaient dans le même lycée donc ils se connaissent vraiment depuis longtemps. Il faut dire qu'on a tous joués dans des groupes par ci par là. On a commencé à deux Antoine et moi sur BRNS puis on a pris Diego pour faire toutes les parties guitare. Ensuite on a rencontré César qu'on connaissait pas personnellement, juste par ses autres groupes. On avait besoin d'un quatrième larron pour faire un peu toutes les choses qu'on savait pas faire nous-mêmes et voilà ! Maintenant on compose vraiment à quatre avec une belle dynamique de groupe.

Pourquoi le nom de « brains » et surtout l'abréviation BRNS ?

En fait brains ça vient du film de zombies qu'on regardait, et qu'on regarde toujours d'ailleurs, Le retour des morts vivants. Les zombies arrêtent pas de crier « BRAINS, BRAINS ! » et voilà comme ça fait un peu partie de notre univers au niveau de l'imagerie, des paroles etc. on a trouvé que c'était un chouette hommage. Finalement on a enlevé les voyelles parce qu'il y avait énormément de noms « brains » sur la toile et puis ça faisait un peu une blague par rapport à tous ces groupes de 2006 comme MGMT, MSTRKFT etc. C'était une façon de faire un petit clin d'oeil anachronique.

Par rapport aux musiques actuelles est-ce qu'il y a des groupes ou artistes desquels vous vous sentez proches ou avec qui vous aimeriez travailler ?

En fait on a déjà eu vraiment la chance de jouer avec des groupes qu'on aime énormément. Ca a été une chance dans notre parcours de pouvoir jouer avec des groupes qui nous plaisaient autant. Je pense à SUUNS, Peter Kernel ou Dan Deacon.

Comment la musique est entrée dans vos vies ?

Personnellement, j'allais à la messe avec mes parents tous les dimanches et j'étais dans la chorale donc j'ai appris à chanter dès le plus jeune âge. Maintenant je me suis un peu éloigné de tout ça mais j'ai gardé le côté musical. Antoine a toujours baigné là dedans car il a un père musicien. En fait on a tous plus ou moins était bercés par la musique dans l'enfance. Bon après c'est large, moi j'ai grandi avec Céline Dion et des trucs comme ça alors qu'Antoine et Diego ont plutôt grandi avec Joy Division et tout ça. On peut dire qu'ils avaient une longueur d'avance sur moi à l'époque mais je me suis bien rattrapé !

La Belgique, c'est un bon endroit pour faire de la musique ?

Ouais ouais tout à fait ! Ca dépend un peu d'où tu vas mais nous on habite à Bruxelles et il y a énormément de scènes intéressantes sur lesquelles jouer. Je pense au Botanique par exemple c'est les anciennes serres royales au centre de Bruxelles qui ont été transformées. Il y a une salle toute ronde qui s'appelle La Rotonde et une salle qui s'appelle l'Orangerie. Pour moi c'est une des plus belle salle de Belgique dans laquelle jouer. Mais bon après on est allés à Paris on a vu qu'il y avait quinze mille autres salles qui étaient vachement plus belles. On est un peu jaloux mais on se soigne ! Non en vrai y a plein de petits endroits où jouer en Belgique.

Le téléchargement illégal, futur de la musique ou descente aux enfers ?

Alors nous il faut dire qu'on a enregistré nos morceaux dans le but de les mettre sur internet ! Au début ils étaient tous téléchargeables gratuitement donc on est vraiment arrivés dans cette dynamique là. Après personnellement c'est grâce au téléchargement, légal ou non, que je découvre des groupes. Je pense que c'est un moyen de diffusion super intéressant pour les jeunes groupes. C'est juste fabuleux de pouvoir découvrir en trois clics un petit groupe indépendant qui vit à 15 000 kms de chez toi! Donc nous on est clairement dans cette dynamique là ouais.

La presse musicale, alliée ou grosse menteuse ? Plutôt grande presse ou blogosphère ?

Un peu dans le même esprit que pour le téléchargement ! On a fait notre petite ascension justement grâce à des blogs et des petits médias qui nous avaient repérés par hasard sur internet. Ca nous a énormément aidés et aujourd'hui on est toujours dans cette optique là.

Photo : Olivier Donnet

Pour revenir au groupe, quelle importante vous accordez à l'esthétique, tout ce qui est artwork, clips ?

On est très attachés au graphisme et à l'image du groupe. On a travaillé au tout début avec un artiste, qui est un pote à moi d'ailleurs, Last Yardz, parce qu'on avait flashé sur son univers. On lui a tout simplement demandé de donner son interprétation de notre musique. C'est aussi ce qu'on a fait avec l'artiste Carl qui a fait toute l'imagerie de Wounded. L'objectif c'était d'avoir un regard nouveau et vraiment original. On a lui donné vraiment très peu d'éléments. On lui a dit : voilà les paroles, vient nous voir en concert et donne un peu ton interprétation de la musique et il a sorti comme ça cinq illustrations avec une personne à chaque fois qui s'ouvre le crâne. On lui a même pas demandé d'explications on lui a dit : « écoute, ça colle parfaitement, merci ! ». On aime vraiment donner la chance à l'artiste de pouvoir faire sa libre interprétation .

Pour ce qui est des paroles, vous pouvez expliquer aux non-anglophones ce dont vous parlez, ce que vous voulez nous dire ?

Oh tu sais même pour ceux qui parlent parfaitement anglais je pense que c'est difficile de comprendre tout ce qu'on dit ! On envisage vraiment les voix comme un instrument comme les autres donc on va pas spécialement le mettre en avant comme par exemple la guitare dans nos morceaux n'est jamais complètement en avant. Il y a énormément de reverbs, elles sont souvent assez floues. Pour les paroles, on peut un peu mieux comprendre sur certaines chansons, je pense à Deathbed par exemple où le refrain dit « I love you so / I loath you so » (Je t'aime/ Je te déteste). C'est donc un univers assez dark. Ca parle beaucoup de vie après la mort, de relations conflictuelles, de gens qui s'engueulent, qui se disent des saloperies... Justement Deathbed ça raconte l'histoire d'un type qui est au chevet d'un gars qui va mourir et en fait il le déteste. Donc il s'excuse d'avoir dit des saloperies alors qu'il ne l'aime vraiment pas et toutes ses excuses viennent simplement du fait qu'il va mourir donc il faut être gentil! Il est là « je t'aime ! Non.. J'te déteste ! ». Voilà c'est jamais très très drôle les paroles mais on aime bien contraster ça avec des moments un peu plus lumineux où alors très rentre-dedans.

Est-ce que vous êtes inspirés par d'autres formes d'art que la musique ?

Ouais carrément ! Déjà le cinéma, on regarde énormément de films. Moi je suis graphiste à la base et puis on essaie tous de s'ouvrir à des univers différents. Pour notre prochain clip, Carl, qui a fait le graphisme de Wounded, va faire un clip d'animation, on a hâte de voir le résultat !

Une journée dans la peau d'un membre de BRNS ça donne quoi ?

Euh... On se lève tard ! Vu qu'on a tous des ordis portables on arrive pas à quitter l'ordi la nuit... On peut regarder plein de vidéos de chats et tout ça. Ensuite on répète, on compose ou du moins on essaye. Après comme on est un groupe indépendant il y a pas mal de choses à gérer comme les interviews, l'organisation autour de la sortie du prochain album, du vinyle, des stickers etc. On gère vraiment plus ou moins tout entre nous. Après on est sur la route, on donne des concerts et ça nous fait toujours plaisir !

Si tu pouvais tirer ou taffe ou deux sur la clope d'une de tes idoles, tu choisirais qui ?

J'aimerais bien essayer celle de Jack White en mode Coffee & Cigarettes mais je suis incapable de fumer, je n'y arrive vraiment pas !


Propos recueillis par Jessyka

Ne les loupez pas en tournée !

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