VENDREDI SOIR @ FESTIVAL PANORAMAS #16, MORLAIX


Il est grand temps, chers lecteurs, de vous offrir le compte-rendu tout en subjectivité de notre week-end de Pâques passé en terre bretonne à l'occasion du festival Panoramas qui frappait fort avec sa 16ème édition. Pour ne pas trop vous perdre - nos digressions et autres métaphores filées s'en chargeront - on va commencer par le début. L'on est donc le Vendredi 29 Mars à Morlaix, aux alentours de 20h. Dans nos corps il y a beaucoup de fatigue et dans nos têtes beaucoup d'excitation. Pour parer la fatigue et satisfaire l'excitation, Panoramas a un cocktail du tonnerre  que l'on vous dévoile ci-dessous.



FILL'S MONKEY


On commence le festival sur une pointe de LOL puisque - comble du cocasse - le premier live qui nous est offert est produit par Claude François Junior, fils émérite du type qui voulait passer ses lundi à faire bronzette. Mais comme le goût pour le disco n'est pas génétique, Junior a eu la bonne initiative de produire Sébastien Rambaud et Yann Coste aka les Fill's Monkey dont la performance se situe à la frontière entre le live et le spectacle. Munis de tout l'attirail nécessaire à un batteur exigeant mais aussi d'accessoires insolites, le duo travaille plus d'une heure durant à faire apparaître sur ton visage moult expressions de bonheur et de béatitude infantile. Autant vous dire que leurs sketches passent très bien en guise d'apéritif et que l'on sort du Club Sésame le sourire jusqu'aux oreilles et l'envie de se nourrir de musique décuplée. 


RICH AUCOIN


L'apéritif musical continue au club Sésame avec un deuxième live surprenant, celui du canadien Rich Aucoin. Pour lui comme pour les Fill's Monkey, le live prend des allures de spectacle, ici interactif. Son rock indé tout aussi mélodieux que fédérateur prend tout son sens sur scène : l'intensité des chansons est décuplée et l'on pourrait difficilement envisager un contact plus proche avec le public. Durant chaque chanson, la foule est sommée de reprendre en cœur les paroles sous forme de maximes qui font la richesse de cet artiste partageur (We're all dying to live, We won't live it all in our heads sur It, Remember what we've been, give in sur Alive and so on). L'interactivité et les cotillons font leur effet puisque la salle se rempli à mesure que le show avance. Bientôt, le type nous sommera de danser sous un grand tissu façon Cirque du Soleil histoire d'incarner physiquement la joie que procure une telle musique lorsqu'elle est si bien mise en scène. 
Si l'inventivité du live y est pour beaucoup dans notre appréciation du live, il ne faut pas oublier le talent musical du jeune canadien dont les mélodies sont tissées au fil d'or et toujours surplombées de paroles qui invitent à unir une jeunesse aspirant au bonheur le plus simple, dont il pourrait bien être le symbole.


DISIZ


Puisqu'un festival c'est aussi l'occasion de s'ouvrir et de découvrir de nouveaux univers, l'on se rend en novices du Rap au concert de Disiz dans la Grande Salle. L'on arrive pour le titre phare Moïse et la foule remue dans tous les sens, reprenant le refrain en coeur. Au bout de quelques minutes, l'on se surprend à en faire de même. Pourtant à mille lieues de notre univers musical, Disiz Feu La Peste a réussi à nous séduire avec ce titre réflexif qui nous conte la pas si douce histoire du rap et du milieu des MCs qui semblent perdre de vue leur objectif premier et leurs origines. Alors le "rap est orphelin". Pas si éloigné du rock et de la pop music, au final. On découvre plus l'histoire du pouvoir de l'argent sur les artistes à travers le prisme du rap qu'une histoire propre à un genre. 
Le set se poursuit et Disiz, entouré de vrais musiciens - disposition ô combien agréable ! -  parle d'une jeunesse qu'il semble bien avoir séduite et l'on retient surtout l'idée d'un besoin d'évasion, propre ou figurer, de s'en aller loin ou de changer les choses là où l'on vit. Est-ce seulement possible ? Affaire à suivre avec Sexy Sushi.


SEXY SUSHI : "QUI EST LE FILS DE PUTE QUI M'A CHOURAVE MON BONNET ?!"



Plus tard, Sexy Sushi prend les commandes d'une folle soirée au Club Sésame pour une énième performance au festival Panoramas. Loin de se lasser, la formation électroclash la plus survoltée de France et de Navarre se prépare à faire bouillonner le club pour notre plus grand plaisir.
J'aime Mon Pays, premier single de l'album Vous N'Allez Pas Repartir Les Mains Vides à paraître le 13 Mai, sert d'ouverture au set. A voir et à revoir ci-dessus grâce au collectif Sourdoreille. 
La prestation est, comme à leur habitude, justement orchestrée. Débordant d'énergie, d'ironie et de gros son, ce début de set n'aurait pas pu être mieux conçu. La France beauf en prend pour son grade côté scène et côté public puisque la foule semble déjà avoir bien appris sa leçon. J'aime aller à Norauto et aux prostituées. Il paraît. Mais j'aime mon pays, comment peux-tu en douter ? Et si Sexy Sushi partage un même scepticisme avec Disiz face à la population et à la politique française, ici le message est bien moins optimiste. S'en aller ne sert à rien, car "c'est partout pareil". Les gens ne changent pas non plus, apparemment, puisque aucun message d'espoir n'est délivré. Mais Rien à foutre comme ils disent, alors autant danser jusqu'à l'épuisement sur un electroclash vivifiant qui fera sortir toute la haine qui bouillonne au fond de tes entrailles avec par exemple, un vive performance de Sex Appeal
On en redemande mais T’enflamme pas pétasse, avec un peu de chance ils reviendront l'année prochaine.

BOSTUN BUN



L'on s'enfonce peu à peu dans la nuit et rien de tel pour transformer Morlaix en reine de la nuit que d'aller pénétrer l'univers de Bostun Bun, nouveau poulain du label Ed Banger et qui vient un peu rafraîchir le label, au même titre que Cashmere Cat (qu'on l'on ne bouderait pas pour Panoramas #17 !). L'on arrive au moment où le parisien rend hommage à Para One, ce qui n'est pas sans nous rappeler la dernière édition du festival Pantiero. Le soleil cannois est désormais présent dans nos esprits et l'on trouve notre place dans l'univers de Bostun Bun comme l'on s'aventure dans une nuit d'été, en douceur et en sachant que ça ne peut être que bon.
En effet, Bostun Bun raconte construire sa musique comme il construirait un club,  pour que l'on s'y sente bien, que l'on y rencontre des gens et que des choses spéciales se produisent. Et si le Club Sésame était celui dont il rêvait ? Chez TADOT, on en doute pas. Il parvient à nous faire décoller et l'on se retrouve propulsés directement where the magic happens.
Pour les parisiens, on se refait ce moment, on repeat, samedi.



NETSKY


Peu avant 2h du matin, c'est l'heure où le public devient vraiment chaud et a faim/soif d'un live puissamment orchestré afin de se dégourdir les jambes et de s'oublier dans le son. C'est à ce moment précis et parfaitement choisi qu'intervient Netsky, le prodige belge de la drum'n'bass.
Si son live est taillé pour les plus grandes scènes, il ne manque pourtant pas de sincérité. En effet, sur la scène du Grand Club se joue un vrai show à l'américaine : le jeune Netsky officie derrière les platines, entouré et ses musiciens tandis qu'un showman - ou chauffeur de salle si on veut faire honneur à nos bonnes vieilles expressions françaises - se tient au plus près du public pour l'inviter avec un flow grandiloquent les moments où il devra jumper, claper et danser jusqu'à l'épuisement. L'on est donc complétement guidés par ce spectacle mais le contact entre ces musiciens, le son qu'ils produisent et le public est loin d'être froid comme on peut souvent le reprocher à ce genre de "super lives".
Le set débute sur Love Has Gone et la sincérité du jeune producteur nous prend directement aux tripes. Sa devise pourrait être "Faire danser les foules : oui ; mais en les rapprochant autour de ce qu'il y a de plus commun entre eux." . Et c'est bien ce qui se passe à Morlaix où la différence règne - c'est aussi un Panorama de tous les types de festivaliers ! - mais où les cœurs et les corps s'unissent autour de la puissance de la musique et de ce qu'elle a toujours été la plus à même à exprimer : le Love. Mais il n'est pas parti comme voudrait nous le faire croire Netsky car il repart de plus belle à chaque fois qu'un nouveau titre vient faire trembler notre chair, nous hérisser le poil et nous inviter à une danse de plus en plus proche du Bonheur. De Come Alive en passant par Puppy ou EveryDay se dessine un live bouleversant d'authenticité, que l'on devine orchestré par un garçon au grand cœur. C'est bel et bien le coup de coeur du festival et l'on ne se passe plus, désormais, de son cocktail ultra-vitaminé de bass music.


 
Le clip de Come Alive donne une très belle idée de la sincérité du bonhomme et de tout l'amour qu'il met dans ses lives.


KLANGKARUSSELL

La première soirée se termine en beauté au Club Sésame avec le duo autrichien Klangkarussell qui a réussi le pari fou d'amener Salzbourg sous les sunlight des tropiques grâce à des mélodies héliothermiques qui ont fait monter de plusieurs degrés la température du club. Il va de soi que le titre Sonnentanz, joué à deux reprises, a enflammé la salle alors bouillonnante, ce qui n'est pas une mince affaire en Bretagne. Un live savamment dosé en moments planants et dansants mais toutefois un peu trop proche des productions initiales à notre goût. L'on s'attendait à un live plus construit et détaché afin d'en tirer des sensations nouvelles. La réalité était belle, satisfaisante mais l'on sait ces deux autrichiens capables de faire encore monter la température. Peut-être était-ce trop demander à un duo dont le succès s'est fait particulièrement rapide. L'avenir le dira. 


Rdv très vite pour nos aventures du samedi soir ainsi que des interview avec Don Rimini et BRNS. Stay tuned !

Jessyka
Photos : Mathilde de Morny