TERNION - WE HAVE BAND


Il y a des groupes comme ça, on aurait envie qu'ils sortent toujours le même album tellement on a d'amour pour eux et tellement on a la peur au ventre de les voir nous décevoir. C'est le cas de We Have Band, ce groupe qui nous a fait rêver en 2010 avec leur premier album WHB qui se déroulait comme la setlist parfaite du concert de nos rêves. Avec leur electro-pop-rock parfois sombre mais toujours doublée d'un chant sexy, les We Have Band sont passés maîtres - en l'espace d'un album - dans l'art de composer des tubes indés qu'on écoute au casque matin, midi et soir.
Alors quand le groupe annonce la sortie de Ternion, on s'inquiète et on gamberge : vont-ils sortir un album de la même veine sur lequel on dansera quand même en rythme mais qui restera au demeurant inintéressant ? ou se camper sur la voie electro-pop pour sortir un album façon The English Riviera ?
Ni l'un ni l'autre : les We Have Band n'ont pas choisi de faire un virage à 380 degré et n'ont pas non plus pris l'autoroute en appuyant immodérément sur le champignon. Nos protagonistes ont simplement amélioré leur recette en lui donnant un grain de maturité et en s'offrant plus de douceurs.


Trêve de métaphores, parlons musique crument. Aidés du ex-Clor et producteur des Foals, Luke Smith, les We Have Band ont pu se lancer sur la voie de la composition avec toutes les cartes en mains. Leur musique en ressort plus pâle, même si pas tout à fait spectrale, brodée d'un chant plus fédérateur qu'à l'accoutumée. Un chant surtout mieux reparti entre les trois membres du groupe ce qui donne beaucoup d'ampleur a des titres comme Shift ou After All qui ouvrent l'album. Avec des voix pareilles, on se laisse tout à fait porter par leur son qui n'en finit pas de nous transporter entre paysages indés et mystiques. Si l'identité esthétique du groupe a pris un tournant (désormais plus pastel et mystique, on le disait dans le clip de la semaine), il reste une part d'eux qui s'attache à faire de la musique comme on peut avoir envie de la vivre à l'adolescence, c'est-à-dire à la frontière entre le "cool" et le "hype". Mais ce background hipster tend à s'effacer derrière une identité plus construite, des idées plus fortes que la nouvelle coupe de cheveux à la mode. Espérons que le groupe persévérera sur cette voie, et peut-être même un jour nous surprendront-ils à la manière de Yacht !

Pour l'heure, Ternion prend tout de même des allures de réussite. Quand les petites notes de synthés au milieu de Steel In The Groove évoquent les Horrors dernière génération (ou ce que les Horrors pourraient être amenés à faire sur un prochain album), Visionary a des saveurs d'été comme Yuksek nous en faisait partager il  y a peu. C'est certainement assez de comparaisons que l'on puisse établir, si ce n'est un petit côté Depeche Mode à leurs débuts sur l'ensemble de l'album (certainement la touch Luke Smith), puisque le groupe réussi malgré tout à nous épater d'une touch qui est bien la leur : morceaux travaillés au détail près, caractère fédérateur, toujours quelques notes de synthétiseur quand l'ambiance devient trop noire mais surtout, derrière tout ça, les saveurs du monde contemporain que l'on savoure à travers leurs petites histoires puisque le groupe a voulu sur Ternion apporter quelque chose de plus personnel. Mission accomplie.

Jessyka



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