C▲FE DE FLORE


Loin de ce qui aurait pu être un téléfilm bidon sur la relation Sartre/Beauvoir, ce Café de Flore là n’est autre que le neuvième film de Jean-Marc Vallée, réalisateur de l’hilarant C.R.A.Z.Y. Ce long-métrage là avait tout pour nous plaire : une histoire d’amour croisée entre le Paris de la fin des années soixante et le Montréal d’aujourd’hui. Mais ce que le synopsis ne dit pas, c’est que l’intrigue devient plus complexe et mystique à mesure que le film avance, que le lien qui s’échafaude entre les deux histoires nous prend par les tripes dans un découpage de scènes qui regorge d’indices. Et en sortant de la salle l’on reste persuadé qu’il faudrait bien le revoir une deuxième fois pour saisir tous ces indices qui ont tendance à nous échapper.
Mais à parler en ces termes là, on croirait lire une chronique de film policier alors que Café de Flore ne saurait parler que de l’amour et de la mystique de l’amour. L’amour-bonheur, l’amour-possession, l’amour-déception : l’amour qui toujours nous fait réfléchir et qui sans logique nous faire croire à des choses extraordinaires. Et quand le film avance et que le lien qui apparaît entre ces deux histoires se fait aussi improbable et paranormal que touchant, nous aussi on finit par y croire. Car Jean-Marc Vallée a le don de nous faire penser que cela pourrait être notre histoire, nos souvenirs qui défilent à l’écran. Même si l’on a jamais mis au monde un enfant trisomique ou quitté la femme que l’on aimait depuis l’adolescence pour une autre, on a vite fait de comprendre que l’histoire n’est pas propre aux personnages, que ce n’est ni leur bonheur ni leur douleur qui importe mais le caractère universel des amours continus, rompus, éternels ou d’une nuit : tous ceux qui rendent fous, qui nous font y croire alors que l’on ne devrait pas et qui nous paralysent longtemps avant de nous laisser en paix.
Néanmoins, Jean-Marc Vallée a réunit deux histoires des plus touchantes.
Dans le Paris de la fin des années 60, Jacqueline donne naissance à un enfant trisomique et son mari la quitte car il se sent incapable d’élever cet enfant. Son fils devient alors son combat et on la suit les yeux mouillés dans un quotidien mécanique où chaque chose ne peut être qu’à sa place. Jusqu’au jour où son petit Laurent rencontre celle qu’il aimera autant que sa mère. Mais c’est trop tôt, trop brutal pour Jacqueline qui voudrait être la seule dans son combat qu’elle rêvait de mener à deux.
A Montréal, de nos jours, l’on est plongés dans les amours troublés d’Antoine qui n’a pas rencontré une âme sœur mais deux. Alors qu’il vivait depuis plus de 20 ans avec Carole, élue femme de sa vie alors qu’ils étaient encore des adolescents un peu rebelles et férus de musique, il rencontre Rose et ne peut se résoudre à la laisser filer. Dès lors, ni lui, ni ses deux femmes, ni ses deux filles n’échapperont à la souffrance.
Liens du sang, du corps ou du cœur, tous se déploient sous nos yeux éblouis. Mais rien n’aurait été si fort dans ce film sans un élément : la musique. Que ce soit le Café de Flore version originale ou électronique, le Svefn-G-Englar de Sigur Ros ou le Pictures Of You de The Cure ; chacune des chansons qui figure sur la bande originale donne au film une intensité lumineuse. L’éclat du génie, certainement

Jessyka

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