TAKE A DRAG OR TWO W/ ELZO DURT



Le 7 Juin dernier, il faisait beau alors nous sommes allées à la rencontre d’Elzo Durt pour le vernissage de son exposition chez notre disquaire Nîmois, 340ms. Et l’on a appris des choses sur le personnage, on vous fait partager…
 
Pourquoi être venu exposer chez nous à Nîmes ?

J’ai mis une annonce il y a 8 mois sur Facebook, je n’avais plus de plan d’expo et c’est ce qui me fait vivre en grande partie.  Clara qui s’occupe de toute la partie garage de 340ms connaissait bien mon boulot, elle m’a proposé de venir donc on a organisé ça. Je ne suis jamais venu exposer à Nîmes, 340ms est un chouette disquaire, ça change des autres disquaires que tu peux trouver en province, il y a plein de choses différentes et hier encore j’ai trouvé un super disque que je cherchais depuis un moment. Mais c’est la dernière expo pour moi, j’ai annulé les prochaines : j’en fais beaucoup et je voudrais avoir plus de temps pour travailler chez moi. Je suis tout le temps sur la route il faudrait que je me repose un peu à Bruxelles, parce que finalement je n’ai plus trop de vie là bas ! 

Ce soir après le vernissage, une soirée est programmée au 34 avec Sofy Major et Ford, tu connais ces groupes?

C’est Clara qui a fait venir les groupes ce soir pour faire une soirée complète avec l’expo, je ne les connais pas mais je suis curieux de voir ça. Moi j’écoute assez peu de métal mais j’irai voir !

Les artistes d’aujourd’hui privilégient les œuvres uniques et précieuses comme les tableaux, pourquoi as-tu choisi le domaine de la diffusion en réalisant des flyers/affiches/pochettes ?

Je n’ai pas le choix, c’est juste que je fais du collage, du travail à l’ordinateur. La sérigraphie me correspond bien car je ne dessine plus du tout et c’est un gros problème dans mon parcours puisque je n’ai pas d’originaux. Apres l'idée d'avoir plusieurs exemplaires me plait bien ca me permet de faire plusieurs expos en même temps, de pouvoir être super accessible, je pense, pour mes prix. Apres je n’ai pas accès à certains milieux de galerie pour exposer parce que ce n’est pas assez cher. Une galerie a besoin que ce soit rentable, la sérigraphie ca n'est jamais assez chère, tu n'achètes pas une sérigraphie à plus de 300euros. C'est pour ca que j'essaie de me développer, de développer l'expo actuelle, là elle est petite mais normalement elle est composée de 150 images en sérigraphie donc c'est imposant.
C'est un système très chiant, après je le fais pour moi et pour des mecs comme moi qui n'ont pas d'argent et qui veulent vivre avec, c'est le 'Do It Yourself''. Certaines sont vendues plus chères quand c'est les dernières mais l'idée c'est de rester à un prix correct.

Quand on regarde tes travaux, on pense aux collages des affichistes constructivistes. As-tu été influencé par ce courant artistique en particulier ?

A mort! Entre ça et l'art psyché c'est mes deux grosses influences. Mais j’ai mille influences, celles là entre autres. L'idée c'est que ce soit actuel, évidemment je suis influencé par les affichistes, par les constructivistes etc…  Je voudrais ne pas répéter quelque chose qui a déjà été fait. Je ne travaille qu'avec des images issues du 17ème et 18ème siècle, ils étaient trop forts pour faire des compositions.
Et puis je suis extrêmement curieux, je regarde plein de trucs. J'ai eu une galerie à Bruxelles, j'ai publié pleins de livres, acheté pleins de livres tout le temps. L'idée c'est de gagner assez de fric pour pouvoir vivre mais aussi m'acheter ce que j'aime. Quand j’aime je me débrouille pour investir même si je ne peux pas me permettre d’acheter des grosses pièces, j'ai une sacrée collection chez moi. Ensuite je sors bientôt un jeu de carte chez Dernier Cri, je n’aime plus trop ce qu'ils font mais je suis content de sortir mon jeu de carte chez eux. Et là bientôt je dois sortir un bouquin chez United Dead Artists.


Tu as fait des études dans une structure où l’on enseigne l’art ?

Oui j'ai fait des études autour de l'art. J'étais pas très bon mais j'ai fini à l'école de la dernière chance, sainte marie ça s'appelait. Une école d'art catho, ça m'a permit de terminer et d'avoir l'équivalent du bac. Là bas j'ai eu deux profs très chouettes qui m'ont donné un peu de confiance en moi et l’envie de faire des études supérieures dans une chouette école plutôt tournée vert l'art contemporain. J’y ai fait du graphisme et je me suis méga marré, c'était un carnage, les pires années ! Par contre ils m'ont laissé une liberté totale et j'ai organisé pleins de trucs, des soirées, des événements et je faisais les flyers. Aujourd’hui j'ai un diplôme qui sert à rien mais ça m'a permit de démarrer et d'avoir 4 ans où je faisais ce que j'aimais. J'ai rencontré des gens qui m'ont proposé des choses et là j'ai ouvert ma galerie après mon diplôme de fin d'année et tout s'est enchainé.

Tu nous parles de ton rapport à la musique ?

La musique a toujours été là, je suis né dedans. Mon papa est à bloc de musique ! Il est architecte mais il a une sacrée collection de disques, il en a toujours acheté plein et en écoutant de la musique à son travail il se plaisait à faire ce qu'il faisait. Moi je voulais vivre de la même façon: être peinard et gagner sa croûte d'une façon ou d'une autre. Du coup il m'a amené très jeune voir pleins de concerts. 

Pourquoi mettre ton travail presque uniquement au service de cet art ?

Les pochettes de disques tu en fais ce que tu veux, c'est là ou tu as le plus de liberté pour t'exprimer, c'est assez génial. Une pochette qui va t'attirer tu auras envie d'écouter le disque, et quand tu ne sais pas ce que c'est, tu vas choisir en fonction de la pochette. Si la pochette correspond à la musique c'est encore mieux, ça veut dire que l’artiste te semble avoir bon goût. C'est dans cette idée là que j'ai commencé à faire des pochettes. J'arrêterais de faire des flyers ça oui, mais jamais j'arrêterais les pochettes de disques. Ça reste sur plusieurs générations, tu grandis avec, là en plus avec le retour du vinyle c'est un vrai bel objet. 
C'est vraiment un espace de création incroyable. Aujourd'hui, de pouvoir faire les pochettes de mes groupes préférés c'est assez génial. Là je dois faire celle du nouveau groupe de Red Mass, il fait un nouveau groupe avec les Duchess Says et leur nouveau truc ça s'appelle Pypy. C'est magique !


Si tu pouvais tirer une taffe ou deux sur la clope d'une de tes idoles, tu choisirais qui ?

Jay Reatard ! Tu vois c'est le mec il a le même âge que moi et je pense que c'est la plus grosse perte du rock, (même si je ne pense pas que ce soit le mec le plus humain du monde) c'est celui qui faisait de la meilleure musique. C'est vraiment dramatique !

…et l’on achèvera cette interview-apéro en écoutant religieusement Pypy avant de se laisser aller au flot des gens qui remplissent la boutique !
L’on remercie chaleureusement l’équipe de 340ms pour leur accueil et Elzo pour sa facilité innée à répondre aux questions de façon complète !