TAKE A DRAG OR TWO W/ FAUVE

Photo : Estelle Faure
Il est de ces interviews dont on ressort changés. Sourire aux lèvres, papillons dans la tête. Comme après un bon concert, en somme. Notre rencontre avec FAUVE à l'occasion du This Is Not A Love Song Festival est de celles là. En toute simplicité, ces types arrivent à faire renaître en toi l'espoir que tu avais écrasé avec rage dans un cendrier déjà trop plein. Que tu veuilles devenir esthéticienne ou que tu sentes en toi une vieille fibre artistique, ces types arriveront à te convaincre que tu dois tout donner pour y parvenir. Et cela sans même parler de toi : découvrir l'étendue de leur ambition et leur way of life est une thérapie bien plus tentante que la psychanalyse. Du coup on partage la bonne humeur. Préparez vous à passer une bonne journée.



Le festival s'appelle This Is Not A Love Song, vous avez une chanson d'amour préférée ?

-Love You Better des Maccabees est vraiment trop belle ! Y a aussi I'm Your Man de Leonard Cohen ça c'est vraiment le truc de ouf... Ca vraiment je sais pas comment il a fait. Tu chantes ça à une meuf c'est le filtre d'amour quoi !
-The Look Of Love de Dusty Springfield j'aime bien. 
-Et toi t'as pas une chanson d'amour en stock dans tes 21 000 chansons d'iTunes ?
-Non pas vraiment...

Et sinon une chanson sur laquelle vous aimez faire l'amour ?

- On fait pas beaucoup l'amour en vrai...
- Moi ça me déconcentre ! Puis toi ça remonte à quand la dernière fois ?
- Pffffiou j'ai du mal à m'en rappeler, ça devait être en 92 non ?
- Un truc de hardcore de 30 secondes ça suffit hein..


Ce soir vous partagez l'affiche avec La Femme dont on sait que vous appréciez la musique, ça vous fait plaisir de partager l'affiche avec eux ?

Carrément ! Et c'est pas que leurs chansons c'est vraiment un projet qui défonce. C'est les seuls mecs aujourd'hui à être aussi radicaux dans leurs choix que ce soit du côté de l'artistique ou même du business. C'est des mecs qui font tout tous seuls à l'ancienne et qui en même temps arrivent à avoir un succès assez populaire je dirai. 
Et puis c'est deux trucs c'est pas juste des mecs cool à qui tu kiffes parler dans les loges. Quand on les voit sur scène c'est juste dingue et on là dans le public, qu'on les connaisse ou pas ça change rien.
Ils sont moins forts que nous au ping-pong en plus ! Ils savent pas faire des pompes à l'envers aussi alors que nous, ça, on gère. Mais on doit avouer qu'ils font de belles chorégraphies quand même.


Vous êtes influencés par d'autres formes d'art que la musique ? On pense au cinéma avec vos vidéos, à l'écriture automatique pour les textes...

Nos influences peuvent être de plein de niveaux. C'est-à-dire tous les domaines artistiques où le texte a une pertinence. Ça peut être la musique évidemment mais en fait les bouquins, les films vont nous toucher aussi c'est vrai. Après on est ni de grands cinéphiles ni des littéraires mais il y a certaines choses qui nous ont marquées, comme tout un chacun. Moi par exemple je remattais Les Valseuses il y a trois jours et c'est vraiment un des plus beaux films que j'ai jamais vu. Donc ouai les trucs de Blier, des mecs comme Dupontel, tous les Scorcese, Coppola. En fait tous les films où il y a des aspérités finalement. Des gens qui sont un peu en prise avec eux-même et qui sont à la fois dans le sombre mais savent aussi faire preuve d'empathie par rapport à leur personnage, ils sont pas dans la noirceur gratos. Ils présentent justement un spectre super vaste d'émotions et de personnalités. Au niveau du cinéma c'est ça qui va nous marquer et dans les bouquins c'est un peu pareil. Les trucs qui vont nous plaire ou nous inspirer ça va être des bouquins où l'angle est le même que dans les films dont j'ai parlé ou même dans notre musique. Je crois qu'on aime tous bien les poètes de la Beat Generation par exemple. Même si on a pas lu des milliards de trucs d'eux ça parle quand même des cassos avec cette écriture un peu brûlante, automatique, qui cherche pas à faire dans l'effet de manche et tout. C'est à la fois réaliste et un peu mystique, c'est ça qu'on aime bien. 


Fauve c'est une manière de vaincre l'ennui et la routine du quotidien ?  Pour vous et pour vos auditeurs ?

Oui c'est complétement ça. C'est se créer sa propre soupape au sein de laquelle tu fonctionnes avec tes règles à toi. Pour une fois faire un truc rien que pour toi. Pas un stage ou un taff où t'es dépendant d'exigences que tu n'as absolument pas choisies. C'est comme des partiels quoi ! T'arrives à ton partiel tu te rends compte qu'en fait tu fais ça pour tout sauf pour ton enrichissement personnel. C'est quand même dingue ! Tu te gaves de trucs totalement stériles et tout et au final t'en retires rien, le seul objectif c'est d'avoir la moyenne. Au bout d'un moment tu te dis que t'es quasiment dans le sacrifice... mental j'entends. 
C'est arrivé à un moment aussi où on arrivait tous en fin d'études ou on commençait à bosser et c'est le moment où ça fait longtemps que t'es en études blabla tu poses pas trop de questions quand t'es petit. Et arrive le moment où tu commences à bosser et tu te rends compte que t'es parti pour quarante ans. T'as pas forcément envie de te flinguer tous les matins mais tu te dis juste "Putain ça me suffit pas!" . T'as envie d'un truc un peu plus gratifiant, exaltant, qui va juste te faire vibrer.

Quels sont vos projets pour la suite ?

Déjà il y a l’été à passer avec toutes les dates de concerts et de festivals, ce qui est hyper nouveau pour nous. Après on a dans nos têtes la version idéale du projet Fauve : accomplie, bien plus étoffée. On voudrait faire le maximum de choses possibles et sur tous les supports possibles.On veut faire tout ce qu'on fait déjà mais puissante trente ! Quand tu fais ça tu crées vraiment quelque chose de solide, que tu peux palper. 
C'est pour ça qu'on a arrêté les tafs  parce qu’on fonctionne par palier et qu’il fallait sauter ce palier et passer à l'étape supérieure. Et après l’été, il y aura encore une autre étape à passer. C’est clair que l’on a envie de faire des choses qui sortent un peu du format classique. Concrètement  là on a pas encore l'idée finie mais on y réfléchi tout le temps. Parce que c'est un projet de 2013, on est tous de la même génération et maintenant on sait très bien que sortir un album même pour toi ce n’est pas très touchant. Ouais ok j'ai fais ça mais tu vois tu l'as dans les mains c'est pas cool. On a essayé d'aller plus loin, de mettre un maximum de choses dans l'EP même si c'est ni révolutionnaire ni complétement abouti. On est comme tout le monde : t'as plein d'envies, on bouillonne tous d’idées dans la vie et parfois les moyens vont faire que tu dois rester dans des créneaux basiques. Mais nous on se casse le cul  pour essayer justement de concrétiser ce que l’on a envie de faire. Comme n'importe qui en fait ! Et c'est ça qui est un vrai taff, c'est de débloquer des solutions pour concrétiser ces trucs que t'imagines et ce de la manière la plus proche possible de ce à quoi tu avais pensé. 


Ce déchaînement médiatique tout beau tout neuf autour de vous, vous en pensez quoi ?

Woody Allen dit un truc qui peut paraître hors sujet mais en fait c'est complétement ça : "Je refuserais de faire partie d'un club qui m'accepte comme membre". On a l'impression d'être pris pour ce qu'on est pas du tout. Je crois que c'est une question d'éducation : il y a des gens qui s'en tapent mais nous ça nous fait carrément chier que la perception du projet soit pas lucide. Ce truc d'emballement il est un peu ridicule !
Après c'est aussi un point positif, on crache pas du tout dans la soupe parce qu'en vrai ça nous donne la liberté, tout se débloque, c'est fou. En coulisses, ça va nous permettre à priori de faire beaucoup plus de choses que ce qu'on pensait dont ça c'est super. Il y a plein de choses positives, on sent quand même une espèce de bienveillance autour de nous. Ça nous permet de bouger à fond, de butter la routine justement. Pour l'instant le métro à l'heure de pointe c'est fini pour nous ! Et puis tout simplement t'as l'impression qu'artistiquement tu tiens le bon bout. Ça c'est pour la partie positive après le reste bon, moins on y pense mieux on se porte. 


Le webzine s'appelle Take A Drag Or Two, si vous pouviez tirer une taffe ou deux sur la clope de quelqu'un que vous admirez, ce serait qui ?

-Un mec qui est mort du cancer !
- Robert de Niro
- Gainsbourg ou Dylan.. 
- Snoop Dog allez !
- Moi je voudrais une meuf genre trop trop stylée qui fumerait sa clope délicatement et genre il y aurait la trace de son rouge à lèvres sur la clope et tout.
- Mon grand-père !
-Hein ?
- Paul Gascoigne. Mais je sais pas s'il fume vraiment, il boit beaucoup ça c'est sûr...
- Oui il prend de la coke aussi. Ouhlala !


Propos reccueillis par Jessyka
Une interview en collaboration avec Konbini, La Bande Originale, Noisy Colours et Profondeur de Champs.