PLUGS + WE HAVE BAND @ POINT EPHEMERE, PARIS


Le 17 Octobre dernier, aux alentours de 20h, se pressaient sur le Quai Valmy, une population de 20 à 30 ans réunie sous l'initiative du Point Éphémère pour une soirée placée sous le signe de l'Est Londonien.
East London, c'est l'étiquette qui colle à la peau des deux groupes que nous avons applaudis ce soir là : Plugs et We Have Band, présents ici comme "very special guest" de nos premiers british.
Et cette line-up n'est pas anodine puisque beaucoup d'entre nous auront découvert Plugs par leur remix du tube absolu de We Have Band : Oh ! 
Mais l'un comme l'autre ont fait pas mal de chemin depuis que les leurs se sont croisés. Les We Have Band nous ont agréablement surpris l'hiver dernier avec Ternion, second album à l'énergie plus froide que le premier, au charme inouï et à la spiritualité enrichissante ; le tout dans un esprit définitivement dansant, comme ils nous l'auront prouvé ce soir là. Plugs, quant à eux, auront pris le temps d'approfondir un exercice qu'ils semblent désormais maîtriser : un savant mélange des genres, des influences et des époques bercée par une singularité débordante, en témoigne leur premier album éponyme. Une seule question subsistait donc concernant ces deux groupes : qu'en était-il de leur performance live ? Réponse ci-dessous.

PLUGS

Nos jeunes londoniens débarquent sur scène en début de soirée et l'on sent le frisson monter quand les premières notes prennent l'apparence d'une rythmique à la Joy Division balancée en accéléré et que le chanteur prend des attitudes tremblantes qui ne peuvent qu'évoquer le souvenir de Ian Curtis. Hommage ou hallucination d'une minute, ce set démarre fort dans tous les cas.
L'on observe très vite que leur son est très différent en live, les influences étant beaucoup plus marquées. C'est une sorte de brainstorming de l'histoire du rock qui se joue dans notre tête lorsque l'on entend tantôt des sonorités old school à la Black Sabbath, de la pop psyché façon Ty Segall et tantôt l'influence synth pop de Fever Ray. Et notre cerveau bouillonne lorsque l'intro de Rise Up  nous évoque directement Breton, d'autres londoniens au charme définitivement contemporain.
Mais, si l'on est dérangés au début, il fallait simplement s'habituer à ce mix absolument fou d'horizons divers et variés, liés par une personnalité brute et une volonté d'innover, d'aller toujours plus loin dans la recherche qui leur est propre.
Petite déception tout de même du côté de la voix du chanteur Morgan Quaintance, qui sonne différemment que sur disque, prenant des allures adolescentes qui contrastent avec la maturité de la palette de sonorités qu'ils nous offrent. De même, les paroles font parfois le niveau des morceaux comme sur Free Tibet qui voit son instru éblouissante gâchée par un refrain des plus banals ("Hey ! Can you... Close the door ?").
Mais l'on ne sort pas fâchés du Point Éphémère pour aller tirer quelques taffes entre les deux sets, le groupe aillant tout de même généré une énergie chaleureuse et nous aillant délectés de quelques moments intenses d'une musique tout ce qu'il y a de plus contemporain.  

WE HAVE BAND

 
La chaleur nous étouffe déjà lorsque les We Have Band posent les pieds sur scène, nous préparant au bouillonnement qui allait suivre. Le set démarre. L'accent français est de rigueur sur Where Are Your People côté public tandis que de premières vibrations pleine de charme s'imposent côté scène.
Chaque titre nous émerveille un peu plus, surtout aux vues de la cohésion amicale, amoureuse entre les trois front-musicians qui ne manque pas de rendre ce set vivant et vibrant, comme un témoignage des plus beaux moments de la vie : ceux passés aux côtés des êtres chers. Ici, l'on oublie le hasard et l'on se dit que c'est forcément le destin qui a réuni le couple Dede/Thomas et Darren afin d'offrir aux années 10 un souffle d'électro-pop rigoureuse, menée à la baguette pour mieux tailler dans le vif des scènes universelles : effacement de l'amitié, de l'amour, et - plus largement - difficulté de vivre avec les autres. Et l'on veut bien les oublier, ces difficultés, lorsque l'on réalise à quel point leur musique nous lie au public (sauf à toi, jeune homme qui ne pouvait t'empêcher de parler pour ne rien dire et d'enchaîner gaminerie sur gaminerie).
Seul regret à l'horizon : l'effacement du batteur qui - apportant pourtant une dynamique non négligeable au live - ne fait pas vraiment partie de la cohésion qui relie les trois amis.
Moment nostalgique avec You Came Out qui nous plonge dans les souvenirs de la découverte de leur premier album en 2010, des derniers souffles de l'ère fluorescente et des sifflements façon Young Folks. 
Love, What You Doing ? est belle à faire pleurer tous les insensibles du monde car il s'agit certainement du morceau qui caractérise le mieux la force de We Have Band : toucher le maximum de gens en en disant le moins possible, avec des formules frappantes qui vont directement se loger là où le cerveau crée les plus belles émotions.
Pour rendre ce live des plus parfait, charmeuse de serpents, créatrice de mystères, Dede bat la mesure avec ses hanches et nous fait tourner la tête lorsque ses répliques prennent des airs d'incantations magiques ou rituelles.
Si c'est un rituel, l'on veut bien y assister toutes les semaines. 

Jessyka
Photo : Mathilde de Morny