PANTIERO 2012 - VENDREDI SOIR

MONOGOLD
Le 10 Août dernier, l'on entamait déjà fatiguées notre deuxième soir de cette nouvelle édition du Pantiero avec à l'affiche Monogold, Apes & Horses, Baxter Dury et Friendly Fires. Ce soir là était pour nous prometteur, ayant placé beaucoup d'espoir sur Monogold et Apes & Horses, en attendant très peu de Monsieur Dury et des Friendly Fires dont les disques ne nous ont jamais vraiment retournées. Comme prévu, la soirée se passa entre surprise, espoir et dépit. On vous raconte.

MONOGOLD ouvre le bal de cette soirée pop-rock à l'heure où il fait encore jour et cela convient à leur musique qui sent bon le soleil et la joie de vivre. Les types de Brooklyn balancent du gros son, amplifié par rapport à ce que l'on peut trouver sur leur album, et leur performance nous apparaît travaillée mais pas surfaite. Ils sont parvenus à adapter leur son planant et intellectuel - à la fois futuriste et référencé - à la scène en nous embarquant dans un rock massif qui envie de s'immerger dans un univers décalé et ouvert à un futur musical encore en travail. L'on a vite fait de se dire qu'ils méritent d'être suivis car leur évolution risque de se faire lentement mais sûrement au fil des albums, toujours avec justesse. Leur maturité est encore en éveil mais l'on sent qu'ils pourraient bien devenir transcendants à l'âge mur, quand le public sera prêt à accueillir leur musique de façon internationale, à l'heure où d'autres groupes auront annoncé une certaine universalité de leur courant musical mi-novateur mi-nostalgique qui permettra d'apprécier leur énergique individuelle sur scène comme sur disque.
Leur performance de ce soir là est une transe dansante et visuelle car ils font le show, occupent véritablement la scène ce qui n'est pas aisé pour un trio. S'ils bougent beaucoup c'est pour mieux partager l'énergie qui se dégage de leur musique presque animale. Au contraire, cette animalité est moins présente sur disque où les rythmes tribaux nous aident quand même à trouver un certain calme intérieur, un calme novateur représentatif d'une époque où le besoin de se retrouver face à soi même est essentiel.
En fait, MONOGOLD parvient à exprimer le double-tranchant de notre époque : leur live représente l'hyperactivité de la population lorsqu'elle est en masse et leur album est plutôt du côté de l'introspection des individus qui gagneraient à réfléchir par eux-mêmes à travers la musique qui inspire à une réflexion sur notre quotidien et l'avenir d'un monde qui se tourne vers les masses pour se réfugier au lieu de se retrouver à nous même et aux gens qui comptent dans nos vies.
Et l'on aime autant vous dire que cela faisait longtemps que l'on avait pas ressenti autant devant un live.


A la tombée de la nuit, c'est APES & HORSES qui prend le relais, un jeune groupe parisien dont nous avions rencontré deux membres plus tôt dans la journée pour une interview que nous vous dévoilerons prochainement. Cette après-midi là nous avions été véritablement séduites par la mentalité de ce groupe à la modestie sans égal et aux idées recherchées, portant un regard assez nouveau sur la musique et l'industrie qui l'entoure, assez proche des idées véhiculées par leurs amis anglais de WU LYF.
Ils nous avouaient que ce soir là serait une sorte de "concert test" pour eux et qu'ils essaieraient plusieurs choses nouvelles, telles que la présence du piano sur scène, et qu'il fallait donc être indulgents. Et effectivement, l'on remarque quelques petites maladresses : le pianiste est mal orienté, tournant le dos au public se situant sur la droite de la scène tandis que la rythmique coupe parfois le public dans son élan et que l'on ressent peu le ton caverneux que l'on avait tant apprécié sur les deux morceaux disponibles en téléchargement sur leur site internet. Mais malgré cela, leurs qualités techniques sont indéniables : tous très bons musiciens ils portent à merveille la voix d'un chanteur époustouflant d'émotions. Ils font preuve d'une bonne interaction avec le public et nous emmènent loin dans les sonorités oniriques.
L'on place beaucoup d'espoir sur eux pour la suite bien que leur live soit encore à travailler, leur énergie et leur mentalité les pousseront certainement très loin.


Arrive alors BAXTER DURY dont on se méfiait beaucoup. Pas fan de ses disques mais respectant son travail, l'on se demandait s'il serait à la hauteur et saurait nous convaincre par une performance propre et efficace, ravissant les fans et surprenant les plus réticents. Mais ce ne fût absolument pas le cas.
Dès le premier titre, l'on sait que son live ne sera pas fidèle à ses albums. La performance vire à l'électro-pop hype mais peu intéressante. Si le bonhomme avait été fidèle à ses disques, l'on aurait pu dire "je n'aime pas, mais je respecte, c'est un grand monsieur" sauf qu'il joue la carte du guignol, nous inspirant peu de respect. Jouant de son image de pop star à l'anglaise, il nous sert un show à la limite du ridicule où il se met en avant en oubliant l'essence même de sa musique, se permettant de jouer au musicien pop beau gosse quand il n'a pas la carrure d'un Beatles. L'horreur éclate au grand jour lorsqu'il nous sert une pitoyable reprise du Sweet Nothing du Velvet Underground, hérissant notre poil de fans absolus. Une reprise faite sans aucun respect : ils transforment un chef d'oeuvre en tube électro-pop ce qui n'est absolument pas dans l'esprit underground de l'originale. Massacrant ses propres titres, il s'enterre en massacrant ceux des autres.
Le live continue et l'on ne sait plus bien s'il se vend au public cannois ou se moque de lui. Son jeu sur l'image est définitivement trop prononcé et seulement adapté à un public de faux festivaliers, une très belle façon de nous remercier d'être venus. S'enfonçant dans la théâtralité (vas-y que je fais l'amour au pied du micro, vas y que je déboutonne ma chemise), il ne nous donne même pas envie de le revoir dans d'autres circonstances. Ses musiciens sont complétement effacés et l'on ne parle même pas de la chanteuse dont le rôle est malheureusement plus que mineur. Les accords qui sont majeurs sur les disques sont ici trop peu présents et ne nous donne qu'une seule envie : dire à ce cher Baxter de retourner en studio pour réapprendre son style.
Les commentaires qu'il nous sert entre deux chansons, du type "Tout est parfait en ce moment précis", sonnent faux car il ne nous donne aucunement l'impression de le penser, plutôt d'un rituel qu'il entretient à chaque live. L'on constate avec amertume l'automatisme d'un chanteur qui n'a pas le courage de donner de sa personne.
La chanteuse pourtant douée de talent est mise à part et exit la relation entre les deux voix. Ce que l'on trouve de séduisant dans les chansons lorsque les deux vois se répondent amoureusement, sensuellement est ici complétement oubliée car Baxter Dury choisit de se mettre en scène. Il oublie l'essence de sa musique : séductrice mais pas putain. Ici, il se donne trop facilement à un public qu'il semble mépriser, ou juste vouloir amuser. L'on assiste au spectacle à se taper la tête contre les baffles d'une caricature de lui-même, sans intérêt aucun.
Une fois que le live a touché à sa fin, l'on constate tristement qu'il n'y a plus rien à espérer de Baxter Dury en concert. Le bonhomme nous aura seulement presque donné envie de préférer ses disques. Et c'est bien peu.



C'est alors FRIENDLY FIRES qui se charge de terminer la soirée, pas vraiment en beauté mais au moins sur une note d'espoir. Les premières chansons suffisent à nous faire prendre conscience qu'il s'agit d'un bon show lycéen qui a au moins le mérite de mettre le feu. Si leur attitude est travaillée à l'extrême elle est tout de même agréable un soir de festival. Le chanteur Ed Macfarlane slame pour la plus grande joie du public et se met en avant dans le bon sens du terme. Leur musique ne s'en trouve pas dénaturée : elle est joyeuse, dansante et actuelle.
Si l'on trouve leurs vibes trop jeunes, l'on danse quand même en se contentant de penser qu'ils mériteraient de travailler le studio pour obtenir un son plus posé, une pop plus esthétique et travaillée : quelque chose de dansant mais intellectualisé, joyeux mais moins facile. L'on sent un bon fond chez ce groupe à l'énergie débordante qui mériterait seulement d'être canalisée pour obtenir une électro-pop plus qualitative que quantitativé au niveau des vibes dancefloor qui empêchent de rentrer dans le set.
A la longue, on danse mais pour la forme, pour éviter de s'ennuyer face à une musique encore en phase de travail, pas arrivée à maturité car manquant d'introspection. Leur recette marche et ainsi ils n'essaient pas d'évoluer vers quelque chose de novateur, plus adapté au futur de la musique qu'à une époque où l'on a tendance à se contenter de hits qui nous danser pour évacuer l'alcool et nous permettent de rentrer accompagné(e).
Pourtant, ils semblent bien avoir le potentiel pour nous faire penser la musique autrement, façon 2012, pas dans le sens mainstream mais dans le sens où l'industrie de la musique doit se renouveler pour entrer dans une ère où l'accessibilité (légère) se met au service du changement, de l'évolution vers un nouveau mode de consommation plus libre, en phase avec la facilité de l'ère internet à créer et consommer de la musique partout et à tout moment, vers une sélection qui se fait par le téléchargement et le live où l'on doit être surpris - et ainsi savoir où aller dans la décennie à venir - et non pas être amusés, façon entertainment à l'américaine.
Pour l'heure, l'intellectualité de chacun s'efface à côté d'une envie de danser pour se montrer, faire semblant d'être quelqu'un quand les codes, genres musicaux et looks doivent absolument se renouveler.
Mais l'on ne part pas fâchés, l'on a espoir.

Jessyka
Photos : Mathilde de Morny

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire