RADIO MOSCOW @ SECRET PLACE, MONTPELLIER



SHAKAAL
BATTLE GUN PAPER
RADIO MOSCOW
@ Secret Place, Montpellier

A la Secret Place le Mardi 17 avril se produisait le groupe Radio Moscow, tout droit venu de l'Iowa, accompagnés pour la soirée de Shakaal, groupe aixois, et Battle Gun Paper, groupe Montpellierain.
Avant de parler du concert, laissez-moi resituer les choses et vous présenter Radio Moscow, qui reste encore un jeune groupe plutôt underground.
Radio Moscow est le projet de Parker Griggs ex-batteur et parolier de Duck Cover. Reconverti guitariste-chanteur, il s'accompagne d'une section rythmique en béton armé (Zach Anderson à la basse, et Cory Berry à la batterie) pour nous offrir un blues tantôt planant, tantôt énervé et toujours très sale.

Ayant raté Shakaal pour des raisons liquides, je commence avec la formation Montpellieraine, Battle Gun Paper. Niveau son, rien de bien exceptionnel, mais l'acoustique de la Secret Place n'est sûrement pas géniale non-plus. Niveau musique, ça fait bouger des têtes, ça sent le stoner à plein nez, et la transpiration qui va avec. Rien de bien révolutionnaire ou nouveau, riffs entêtants, voix nasillardes, guitares sales, pas de bassiste, mais le groupe a une bonne énergie, et un bon contact avec le public (les potes sont dans la salle aussi, je suppose.)

Vient maintenant le tour de Radio Moscow. A voir les membres du groupe arriver sur scène, on comprend leur univers plutôt aisément. Dégaines de campagnards américains revenus d'un trip spirituel en Inde.
Les balances se font sur le tas, juste avant de jouer, et le son en pâtira.
Ils commencent fort avec Broke Down, et malgré leur son criard, tout se passe bien, le public est ultra-réceptif et le groupe prend son pied. Parker Griggs, étant initialement batteur, et devenu guitariste pour pouvoir s'impliquer d'autant plus dans la composition, impressionne par sa technique guitaristique, et monsieur Griggs a déjà sa petite réputation aux USA, certains le qualifieraient même de "meilleur guitariste actuel". Ils enchainent les chansons, The Escape, LuckyDutch, Frustrating Sound, Brain Cycles... Les solos sont sans fins, pourtant ça ne tombe jamais dans cette sorte de masturbation technique qui serait vite devenue lassante, Parker nous emmène avec lui, et tout le monde le suit.
Ne négligeons pas non-plus cette section rythmique qui reste très simple, mais extrêmement efficace. Dans la salle, c'est devenu chaotique, on se croirait dans un concert de punk. Les agents de sécurité ne gèrent plus rien, de la bière coule sur la scène, et le premier rang subi des attaques répétées et manque plusieurs fois de tomber sur le groupe. Les musiciens s'énervent eux aussi, et le tout devient réellement jouissif, comme une communion.
Le concert touche à sa fin, et les gens réclament un rappel. Les trois se regardent dubitatifs, comme si rien n'était prévu. Parker reprend sa guitare, se plante devant le micro, sans vraiment savoir quoi dire ou quoi jouer, et là quelqu'un se met à crier "Two hundred fifty miles", un sourire se dessine sur le visage du frontman qui acquiesce par un "Ok guys, let's go". La chanson durera au moins 10 minutes, et quoi de plus beau que de recevoir ce cadeau du groupe, qui fait durer le moment, nous montrant qu'eux non-plus ne veulent pas s'arrêter là.
Radio Moscow est un groupe qui surprend par sa sincérité, son alchimie et qui nous prouve qu'un style bien défini, aussi vieux soit-il, allié à des personnalités fortes musicalement, suffit à l'originalité de leur musique.

Alexandre Perez Mardones