LA FEMME @ VICTOIRE 2, MONTPELLIER

Photo du concert à l'Iboat

LA FEMME 

"MONTPELLIER 2012"

Synthétiseurs futuristes (au moins autant que leurs décolorations platine) et paroles percutantes font la recette d'un groupe que l'on semblait attendre depuis le jour où l'on a basculé du côté sérieux de la musique (on dira ce qu'on voudra, même le plus guignol des rockeurs aura toujours l'air plus intelligent qu'une Shakira). Définitivement ancrés dans notre époque, hors de toute rétromania, La Femme nous fait ressentir le monde contemporain : le métro parisien, les promesses d'apocalypse, le nucléaire, les sensations que l'on recherche ; comme si le groupe avait reconstitué le puzzle de notre quotidien. On en vient même à se dire que c'est peut-être ça que des générations ont ressenti avant nous quand un grand groupe naissait, on se retrouve pris au  ventre comme un Tony Wilson qui assiste pour la première fois à un concert de Joy Division. Alors là on a le baume au cœur et on prie pour que jamais ce concert ne se termine, que cette musique "s'incruste dans ta tête" pour ne jamais "en sortir". 

Si La Femme n'est qu'une, elle suffit bien à faire fermer son caquet à Simon Reynolds et ses histoires de rétromania lorsqu'il affirme : "Si les artistes les plus talentueux parviennent à soutenir ce rythme sans s'assécher, ce phénomène [la révolution numérique] a en tout cas la plupart du temps conduit à la redite et au nivellement du paysage artistique (les sorties "événements" et les chefs-d'oeuvres se font désormais rares)." Pointe-toi donc à un concert de La Femme et tu comprendras, en fermant les yeux tout en swinguant au rythme effréné de Paris 2012, qu'un compte Deezer Premium Plus ou une certaine manie du téléchargement ne fait pas des musiciens contemporains des machines à recycler le rock à papa. 
L'on trouve également en 2012 des gens qui utilisent internet comme un outil pratique (qui leur permet de garder leur indépendance en simplifiant largement les contacts) et qui parviennent à traduire musicalement notre époque : ses écrans, sa jeunesse troublée, ses mots crus (cc "Marie, tu respires le sexe") sa nature défigurée, sa ville moderne qu'on traverse en métro, sa fulgurance synthétique et ses murmures langoureux que l'on retrouve sur chacun de leurs morceaux.
Le chant dictatorial de Marlon fédère (que dire de l'émotivité dégagée par From Tchernobyl with love ?) ou échauffe (Marie) tandis que la chanteuse devient LA femme - la seule et l'unique -  lorsqu'elle entonne Sur La Planche en se trémoussant sans guère de prétention, mais avec des allures d'icône tout de même. Fille ou garçon, ce groupe là nous aura marqué au fer rouge de sa poésie électronique des années 10.

Si jamais Paris réchappe à 2012, faites-moi penser à ne jamais manquer un de leurs concerts. 

Jessyka