TAKE A DRAG OR TWO W/ SOLEY


Sóley Stefánsdóttir n'est pas vraiment une inconnue. A 24 ans, cette Islandaise au visage de poupée s'est faite connaître au sein du collectif Sin Fang (ex-Seabear). Et puis, le grand saut en solo, avec l'EP Theater Island (2010). A quelques jours du début de sa tournée, on l'a rencontrée dans un bar branché de Reykjavík. 30 minutes de retard, mais qu'importe : son sourire enfantin et son charme l'excusent sans mal. Sóley nous parle de ses amours musicales, de poésie et de son premier LP, We Sink (Morr Music/La Baleine), qu'elle défendra à la Flèche d'Or, à Paris, le 9 septembre.


Tu t'apprêtes à partir en tournée dans toute l'Europe. Comment tu te sens ?


Bien, très excitée. Je vais faire la première partie de Sin Fang avec mes propres chansons. Je joue aussi du clavier au sein de son groupe.

Pourquoi avoir décidé de mener une carrière solo en parallèle ?


Je ne l'ai pas vraiment choisi. Mon label m'a proposé de composer des chansons et six mois plus tard je sortais mon EP, Theater Island. C'est arrivé un peu par hasard.

D'où te vient ce goût de la musique ?

J'en écoute depuis l'âge de 4 ans. A 8 ans, j'ai commencé le piano et plus tard j'ai intégré une école de musique. Mais j'ai toujours été très timide. Au départ, quand je devais chanter sur certains morceaux de Sin Fang, je n'osais pas me mettre en avant, même si c'est agréable de s'entendre, oui.

Ta voix est très spéciale…

Je n'ai jamais pris de cours. D'un point de vue technique, je ne sais pas chanter !  En revanche, je n'ai jamais arrêté de jouer du piano. C''est l'instrument majeur sur l'album. Le piano est mon meilleur ami. C'est assez étrange car je me souviens qu'avant, je voulais jouer de la trompette.

Qui t'accompagne sur l'album ?

Il y a Jon Oskar qui joue de la batterie et j'ai aussi un bassiste, Simon Nykjaer, qui est Danois. Mais sur scène je ne suis qu'avec Jon. Les morceaux sonnent donc plus épurés sur scène que sur l'album. J'aime beaucoup réarranger mes morceaux, rajouter des loops, des voix, des percussions…  J'essaie d'incorporer ces éléments en live même si c'est assez périlleux.

Comme beaucoup de groupes ou artistes islandais, tu choisis l'anglais pour t'exprimer.

Je n'ai pas vraiment d'explication, mais en ce qui me concerne, quand j'essaie d'écrire mes textes en islandais, quelque chose ne colle pas. Je connais trop de mots, trop d'expressions… En anglais, c'est plus simple, plus direct car mon vocabulaire est moins riche. J'ai commencé comme ça. Maintenant, ça ne me déplairait pas de composer en islandais. Je m'inspire beaucoup de la poésie, j'en écris aussi.

Cela explique peut-être pourquoi on retrouve beaucoup de métaphores dans tes textes.


Quand j'écris, des dessins animés défilent dans ma tête, des histoires un peu étranges, et les gens qui écoutent mes chansons y voient sûrement autre chose. Ca me plaît. Je ne dis pas "ça c'est comme ça". Des gens m'ont confié ce à quoi ils pensent quand ils écoutent mes chansons de l'EP, et personne ne pense à la même chose. Mais je présume que beaucoup ne comprennent rien à mes textes (rires).

C'est différent pour toi de jouer en Islande ou à l'étranger ?


C'est plus stressant en Islande, car il y a mes amis, ma famille, et tout le monde se connaît ici. En tournée à l'étranger, c'est un peu comme travailler dans un supermarché, assez mécanique. Mais j'aime ça.

La question est clichée mais est-ce que tu as des influences particulières ?


Bien sûr. Il y a cet auteur islandais, Davíð Stefánsson, aux poèmes sombres, horribles. Il guérit toutes mes pannes d'inspiration. J'écoute aussi beaucoup Joanna Newsom. Ses paroles sont excellentes, avec plein de détails. J'apprécie beaucoup tUnE-yArDs et Fleetwood Mac également.

Et Cocorosie ? Certaines de tes chansons me font penser à elles.

Oui, les chansons bizarres !

Notamment sur la fin de l'album. Le début est plus tourné vers le songwriting, ensuite ça devient beaucoup plus sombre, plus cinématographique.

Ca a été difficile d'ordonner les chansons. Quand j'ai fini l'album, je ne pouvais plus l'écouter. Je commence à l'apprécier à nouveau. Mais c'est assez terrifiant de s'entendre constamment.



Propos recueillis par Impossible Soul.

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