Minor Love - Adam Green

Comment ne pas chroniquer un album comportant un morceau nommé Cigarette burns forever ? Par chez nous on a bien envie de lui répondre : "So, take a drag or two!".

Quand on écoute cet album il est difficile de croire qu'il s'agit du même Adam Green qu'on avait découvert avec les Moldy Peaches, chantant de sa voix pas même mature sur le cultissime Anyone else but you. Désormais, il faut considérer Adam Green comme un chanteur mûr au timbre rocailleux. Il nous offre également des paroles d'un lyrisme sophistiqué posées sur une musique calme mais parfaitement rythmée.

L'album s'ouvre sur Breaking Locks qui nous plonge directement dans l'ambiance de l'album : un enregistrement à l'ancienne où la voix est primordiale. La chanson est une petite ballade qui va bien et à écouter quand tout va bien. Give Them A Token rappelle un peu Friends of Mine mais en plus minimaliste, notamment par son rythme. On retrouve une ambiance un peu fête foraine et, surprenant je vous l'accorde, la voix d'Adam s'y prête parfaitement malgrè son calme. Buddy Bradley est très rythmée et invite à une danse langoureuse grâce à l'insistance d'Adam sur les fins de mots. Goblin évolue dans une ambiance country ; la chanson aurait pu être un pur raté si Adam s'y avait pas prêté des paroles sympathiques à tout point de vue. Cependant, on est contents que le titre dure moins de deux minutes : c'est la chanson la plus courte de l'album. Adam se rattrape avec un des meilleurs titres de l'album : Bathing Birds. Il se plaît décidemment à chanter langoureusement et sa voix n'en est que plus belle. What Makes Him Act So Bad est un single plus jovial que le reste de l'album où la musique contraste avec sa voix. Stadium Soul s'écoute en buvant le café (ou le thé) du matin et on y apprécie la diction lente et détachée d'un Adam méconnaissable.

Et là apparaît Cigarette Burns Forever ! Un titre qu'il serait impossible de ne pas apprécier puisqu'il reprend les accords de Bluebirds. On est séduits dès les premiers mots et on s'accroche à des paroles qui prouvent les qualités de songwritter d'Adam. L'originalité n'y est pas mais on s'en délecte pourtant sans aucune modération.
Boss Inside évoque le grand Leonard Cohen, et plus particulièrement la célèbre The Partisan, dans un morceau chargé en émotions qui ne s'accorde pas à son évoque car la voix semble venir de très loin.
Dans Castles & Tassels on apprécie la capacité d'Adam à admirer des aspects de la femme qui ne sont pas toujours romantiques. Oh Shucks réveille un Adam Green des temps passés, qui fait du "boucan" et se plaît à chanter dessus. Malheureusement, l'expérience lo-fi n'est pas très appréciable puisque trop bruyante.
Seulement, on le pardonne car il nous livre juste après un titre d'une beauté sans faille et de tout point de vue : Don't Call Me Uncle.
Lockout est une nouvelle tentative de lo-fi, funk cette fois et bien plus appréciable puisqu'elle est assez ordonnée pour qu'on puisse danser dessus, ou du moins se dandiner.
La fermeture est annoncée par You Blacken My Stay et on voit Adam s'en aller au loin dans les rues grisées par l'hiver de New York.

Adam Green nous livre donc un album paradoxal : d'un côté Adam le jeune qui enregistre dans des conditions précaires et nous raconte de petites histoires sympathiques et de l'autre Adam le professionnel, dont la voix ne cesse d'émerveiller et se révèle, ici, digne de Leonard Cohen.

Jessyka