Phrazes For The Young - Julian Casablancas

 C'est parce qu'il est danois !

 Aaaah Julian Casablancas, avec lui c'est un peu "touches pas au mythe" alors à l'annonce d'un projet solo j'étais un peu désarmée "Et si c'était nul ? Je serais obligée de l'avouer et peut-être même de rire de mauvais jeux de mots tels que "Casablancascouilles" ". Seulement, le talent ne lui a,encore une fois, pas fait défaut et sa voix a réellement muté : charme et maturité sont au rendez-vous. Notre Strokes international nous livre donc 8 chansons remarquables et travaillés... Mais aujourd'hui je ne veux pas vous parler de l'aspect musical, certes de qualité, mais plutôt des paroles. En effet, cet album est entouré d'un lyrisme inspiré d'Oscar Wilde dont on ne pouvait omettre de parler.


Sur Out The Blues Julian nous parle de la vie comme d'un chemin où les sentiments se transforment en d'autres. Son espoir devient tristesse, sa tristesse devient amertume, son excitation se transforme en plaisir et son plaisir en folie. Et ce qui est intéressant dans sa façon de voir les choses c'est qu'il le dit comme il le pense, en oubliant d'être poète ("Yes, I know I'm going to Hell in a purple basket. 'Least I'll be in another world while you're pissing on my caske" ou encore "And all you got to do is sit there, look great, and make 'em horny ").
Left & Right In The Dark nous parle du temps qui passe, thème à la mode chez les expatriés de groupes (on pense au Years Of Refusal du Moz, et à tant d'autres). Et ce temps semble lui manquer, dans les deux sens du terme : il regrette le temps où il avait 4 ans ("I am lost, those were the days") et en manque aujourd'hui pour faire ce qu'il voudrait ("And it's not gonna take all day long Watching the urban decay all around us, oh boy"). Je dis "il" mais finalement son cas est semblable à celui de la plupart des gens et on sent l'influence d'Oscar Wilde sur sa pensée qu'il nous livre avec un lyrisme rarement égalé de nos jours ("Sliding across the Indian wildnerness Like the wind, riding down sore throats [...] We are turning back the Earth so fast
That it feels a lot slower").

11th Dimension nous plonge dans une critique du monde d'aujourd'hui et particulièrement des Etats-Unis : "Where cities come together to hate each other in the name of sport. America, nothing is ever just anything". On reçoit enfin la critique d'un monde dit évolué mais dont la haine est ridicule tant ses motifs sont primitifs. Dans le refrain, Julian semble nous promettre un changement des choses : "Don't be sad, won't ever happen like this anymore [...] your faith has got to be greater than your fear ".



4 Chords Of The Apocalypse représente parfaitement, à mon sens du moins, l'esprit de l'album. "Phrazes For The Young" c'est exactement ce qu'on trouve tout au long de ces paroles bouleversantes : " We're going nowhere, and we're going there fast " , "When no one's around Their mouthes turns your ear, I get your loneliness Screaming in my ear" , "It's nice to be importent But so close to being despised it's more importent to be nice Ajusting being wise". Julian plonge dans les profondeurs de l'âme et cette atmosphère ressort dans la chanson qui inspire la sagesse.
 

  Avec Ludlow St. Julian nous emmène très loin. D'une part parce qu'il parle du futur ("Soon musicians will haunt it, On Ludlow Street") avec une si grande tendresse dans sa voix qu'on est forcés d'y croire mais il nous décrit aussi le passé comme s'il l'avait vécu ("It started back in 1624, The Lenape tribes would soon get forced from their home"). Et à force de voyager dans le temps on finit par mieux comprendre le monde qui l'a vu s'écouler, c'est ce que vois dans le magnifique et, très personnel, refrain : "While I surrendered my ego, you fed yours. All my fantasies died when you said yours. I have dangled my pride to forget yours. Will my mind be at ease when you get yours?". Mais il ne faut pas oublier le sujet de la chanson : Ludlow Street !
En somme, avec Julian Casablancas on voyage dans le temps et dans l'espace puisque tout y semble réunit , comme une sorte d'Arche de Noé : "On Ludlow Street, Chinatowns coming on Ludlow Street. Porta Ricans are runnin' on Ludlow Street, Soon musicians will haunt it, On Ludlow Street Red Indians once hunted".


Rivers Of Brakelights pose beaucoup de questions mais on sent que Julian a beaucoup appris car elle apporte également beaucoup de réponses. Le temps est encore personnage principal en quelque sorte puisque Casablancas nous dit : "Getting the hang of it / Timing is everything". Ce temps qui est passé, l'avons-nous vraiment bien maîtrisé ? Avons-nous fait ce qu'il fallait ? C'est la question qui revient avec les problèmes de l'environnement mais aussi de notre mode de vie et de consommation : "Is that what we want?
Is everything shot? Is that what you ask for? 'Cause that's what we got".On retrouve également le thème de l'amour : "Love is destined Love is there still" puisque l'album a aussi une dimension très personnelle qui nous permet de mieux comprendre l'artiste. L'artiste qui se transforme parfois en poète : "Like bodies we die
Like rivers we dry . We fuel and recharge the chimers and doors". Mais il faut le considérer comme un poète réaliste car il sait également laisser de côté la beauté des mots pour dépeindre le quotidien : "Robot game for kids who hate sports Mothers crying at the airport Fighting the dreams you left behind to-do".


 Glass semble très personnelle et devient donc plus difficile à cerner mais l'émotion dans sa voix parle à chacun d'entre nous et les paroles s'adaptent à des milliers de situations : "You can lie to yourself
But don't lie to me That's what they want".
 Julian nous fait, une fois de plus, voyager à travers le monde avec Tourist et révèle, au fil des couplets, les différences qu'on rencontre d'un endroit à l'autre : "feel like a tourist out in the desert somehow it feels like the devil's breath feel like a tourist out in this swampland this world is just of water and land". Il nous projette encore une fois dans l'avenir : "soon our whole world will be urban sprawl" après nous avoir décrit le monde dans lequel nous vivons et évoluons. Le thème de l'amour est toujours présent : "everywhere I go I'm a tourist
but if you stay with me I'll always be at home" , toujours poétiquement, ce qui apporte une dimension personnelle à la chanson.

Et c'est déjà la fin... Un album, 8 chansons... On aurait pu trouver ça radin mais il faut regarder ce que nous apportent ces huit chansons pour se dire que, finalement, Julian Casablancas nous a donné beaucoup.

Jessyka

n.b : J'ai choisi de conserver les extraits en anglais pour éviter les erreurs de traduction et de dénaturaliser les textes mais si vous avez quelques problèmes de compréhension n'hésitez pas à demander une traduction.

5 commentaires:

  1. Très bon article, très bonne interprétation (ca fait un peu appréciation de prof là...)
    Vraiment, j'ai découvert les sens des chansons dans l'article, grace à toi, je n'aurais pas à le faire moi même! :D

    Enidnama

    PS: Et de toute façon, c'est parcequ'il est Danois !

    RépondreSupprimer
  2. Alors là non non non et non.

    Parler de l'album de Julian dans votre calendrier de l'avent, pourquoi pas, son album était très attendu c'est vrai, mais pas en avant dernier article parce qu'il n'est quand même pas à la hauteur, la moitié des chansons suinte le mauvais goût et Julian nous fournit avec cet album quelques uns de ses pires casablancismes (néologisme qui correspond aux phrases de Julian où tu peux chercher autant de sens multiples que tu veux, ça ne veux rien dire). Reste la voix c'est vrai, ça on ne peut pas lui retirer, mais cet album n'est pas à la hauteur de ce qu'il peut nous donner.

    RépondreSupprimer
  3. Attends, mais le solo de Glass pour toi c'est vraiment autre chose qu'un truc de mauvais goût qui file la gerbe ? t'arrive à trouver un interêt (autre que du remplissage) à des paroles comme "I'm hearing your silent when you don't speak" (et ça sonne même pas si bien que ça en plus) ?
    Après dans l'ensemble c'est vrai que l'album n'est pas mauvais, mais de là à lui trouver une place dans un top de fin d'année quelconque, il y a un pas qu'il me semble plutôt osé de franchir.

    RépondreSupprimer
  4. Guillaume, c'est pas "I'm hearing your silent when you don't speak" mais "I hear it in your silence when you don't speak, what was funny then isn't funny anymore." C'est un peu différent. Et faut considérer la chanson comme un tout.

    Et à Jessyka: ce Patrick Wolf est bien inférieur au reste de ses productions, donc non, ça n'est pas un crime :)

    RépondreSupprimer