LE CLIP DE LA SEMAINE #114


"PRENDS TA DOSE ET DIS "FUCK" "

Quand je suis en plein trip, il m'arrive souvent de rêver à des guerriers gaulois (juste pour la barbe et le français) hyper punk qui débarqueraient en 2013 pour lutter contre la mondialisation du rock'n'roll, les chanteurs français à l'accent anglais pitoyable et les chansons d'amour débiles qui, telles un petit doigt vicieux, viennent délicatement nous gratter l'oreille avant de s'enfoncer bien profond histoire de nous faire regretter d'être nés équipés de tympans.

Vous l'aurez compris, la dope fait naître en moi une envie pressante d'un retour au rock français exempt de tout "Baby I love you" et autres adages rock'n'roll censés faire état de coolitude quand il ne s'agit en fait que de la preuve d'un cerveau mis sur pause depuis fort fort longtemps. Dis comme ça, ce petit élan de patriotisme fait très "Je m'amuse à appliquer le programme du FN à la musique". Mais quand on parle Arts, le patriotisme est un sujet bien moins sensible qu'en politique. Alors laissez moi bader. Je disais donc : dans mes trips, les guerriers gaulois débarquent pour mener une guerre pédagogique. Leur objectif ? Apprendre à tous les mecs qui tirent des taffes dans les caves de France en essayant de composer des tubes rock anglophones que l'avenir est ailleurs. Il n'est ni dans les tubes, ni dans la langue de l'Obamacare. Il est dans le message, dans le pourquoi tu sens le besoin irrépressible de saisir guitare et micro pour cracher tes immondices de douleur à la face du monde. Et si tu tentes de faire sortir tout ça, c'est bien pour être entendu. Bien sûr, mec, on comprend tous tes rêves de Kurt Cobain (j'aimerais bien, moi aussi, que Gus Van Sant fasse un film sur mes derniers jours.. quoi que j'aurais peut-être eu les boules qu'il choisisse un type plus beau que moi). Mais ce qu'il faut bien que tu comprennes, toi, c'est que la plupart des gamin(e)s qui se fendent la tête sur du Nirvana en France ne pigent que dalle à ce que la tête blonde pleurniche dans le micro. Y a bien que les fans hardcore comme toi pour essayer de déchiffrer le message. Alors si, en devenant un Kurt 2.0, tu facilitais la tâche à ton futur auditoire en écrivant en français ?
Tu deviendras peut-être aussi vibrant que Julien Gasc. Même que t'auras le droit de caser un mot en anglais dans un de tes titres ("Fuck", ça passe crème, c'est presque un riff tellement c'est commun) et te servir d'extraits d'un téléfilm américain pour tes clips.

Julien Gasc - Cerf, Biche et Faon - à paraître le 21 Oct. sur 2000Records. En concert le soir même à l'Espace B.

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