TAKE A DRAG OR TWO W/ CHERI CHERI JAGUAR

Au début de l'été, on vous présentait une nouvelle formation parisienne qui nous avait époustouflés à l'Espace B : Chéri Chéri Jaguar. Eux aussi font leur rentrée, ils jouent ce soir au Glazart avec Beach Fossils et ont plein de choses à vous raconter.


Hello cheri cheri jaguar, vous pouvez vous présenter un peu pour que nos lecteurs sachent à quoi s'attendre ?

Sacha : On se connaissait pas et on est tous "tombés amoureux en même temps" pour reprendre ce qu'avait dit Arthur haha.  On a bossé sur nos chansons sur wetransfer parce qu'Arthur était à New York et on l'a rejoint là-bas où on a enregistré au Strange Weather à Brooklyn.
Arthur : Notre groupe, c'est 4 personnes qui écoutent des trucs différents et en mêlant nos influences, ça donne du Cheri Cheri Jaguar.

Comment vous êtes vous rencontrés ?

Arthur : En fait, on s'est tous rencontré sur Internet… Au départ, j'ai rencontré Alex et Malik lors d'un jam orchestré entre parfaits inconnus à Paris; à travers un site de rencontre de musiciens, un peu dans le style de Meetic mais pour la musique ! C'est là qu'on s'est retrouvés, dans une cave insonorisée à mêler les styles de chacun en jouant du Rolling Stones un peu n'importe comment… Et il y avait ce type, qui nous avait tous réuni ce jour là, il voulait être chanteur, on s'en souviendra toute notre vie d'ailleurs… Bref, c'est après deux heures de répét qu'avec Alex et Malik, on s'est rendu compte qu'il y avait cette "alchimie" et qu'on allait monter un groupe. On a commencé à se voir régulièrement avec Alex pour composer, tout en cherchant un chanteur et un second guitariste et on a fait des castings, on a rencontré plein de gens mais malheureusement, on ne trouvait personne. C'est à ce moment là qu'on a entendu Sacha pour la première fois. Elle nous avait trouvés sur internet et elle avait enregistré sa voix sur un de nos morceaux, mais on ne s'était pas vraiment rendu compte de ce qu'elle avait vraiment dans le ventre et on voulait un chanteur à l'époque… On allait chez Malik pour enregistrer nos premières maquettes sur GarageBand, c'est là que tout a réellement commencé en fait. Finalement, du temps a passé et on a commencé à moins se voir, chacun dans ses projets. Je suis parti à New York pour mes études et, en écoutant les maquettes du groupe j'ai reparlé à Alex et Malik et on s'est dit qu'on allait se voir pour jouer de la musique, ça tombait bien : je revenais à Paris pour 2 semaines, c'était Noël. On avait envie de coller une voix, au moins essayer, et c'est là qu'on a proposé à Sacha de venir à cette répétition. On a grave accroché. Je suis reparti à New York et ils se sont tous motivés pour venir me voir. C'est là qu'on s'est dit "Pourquoi ne pas aller enregistrer nos maquettes dans cette ville, pour de vrai, dans un vrai studio". On a mis 30 secondes à se décider et c'est là bas qu'on a enregistré notre premier EP.

Si vous deviez choisir un album, un livre et un film qui vous a marqué/influencé ? 

Malik : Le muppets shows.. J’étais fasciné par Animal. Ça ma donné envie de taper.
Sacha : C'est une question difficile, je crois que le groupe est un réel patchwork de références... Je dirais Edgar Poe, Robert Smith et Siouxsie & the Banshees pour les textes, Marker, Tarkovski et les vieux films d'épouvante pour l'image. Le Top 50 80-90, l'Italo Disco pour les refrains.
Alex: Impossible d'en choisir un, mais disons que Nevermind à été décisif, je devais avoir 12 ans quand je l'ai découvert. Je ne savais pas trop ce que c'était que la basse, et c'est un peu grâce à cet album que j'ai compris…
Arthur: Exile On Main Street des Rolling Stones.


Sacha, tu fais les Beaux Arts de Cergy, comment dirais-tu que l'Art influence ta musique ? 

Ha-ha ! A l'école, c'est pas simple de faire valoir sa musique au rang de l'art dit du concept. Mais je crois que c'est l'un dans l'autre. Pasolini disait qu'on était chacun suivi par une caméra invisible et virtuelle de notre naissance à notre mort, et quand Lynch, étudiant, peignait, il voulait "qu'un son, un vent" sorte de ses toiles, que "les bords disparaissent" et il voulait "entrer à l'intérieur". Je pense que c'est pareil pour la musique, on vit sur une bande-originale en plus de vivre ses films, ce qui vient aux oreilles prend souvent le pas sur ce qui vient aux yeux et aux mains.

Des influences plastiques pour les autres membres du groupe ?

Arthur: Megan fox?
Malik : Polystyrène.
Alex: Oui, pour l'aspect visuel du groupe et l'ambiance générale des morceaux des peintres comme Munch ou Eggleston en photo. Plutôt des influences qui s’intéressent à l’atmosphère, la lumière et au ressenti mélangé à des trucs kitsch.


Comment avez-vous imaginé la mise en scène que l'on a vue à l'Espace B ? C'est quelque chose que vous aimeriez travailler à l'avenir ?

Sacha : C'est hyper important oui. J'ai travaillé un moment sur la projection, pour l'instant c'est un film de deux heures en boucle qui met en parallèle des images récupérées (reportages sur l'espace des années 90) et du found footage (des films super8 d'amateurs des années 70)  et Plan 9 from Outer Space de Ed Wood, soit disant film le plus mauvais d'Hollywood, avec lequel on a déjà travaillé pour le clip teaser de Jaguar. Pour l'instant c'est de la débrouille, l'idée étant qu'un jour on ait les moyens de, je sais pas, jouer dans une cage à requins au milieu de ruines marines !

Arthur: On profite du talent de Sacha pour ça! Mais on essaye de tous trouver des idées tous ensemble… On a tourné des rushes dans le hangar de mon beau père, il est agriculteur, il y a des poules dedans et des tracteurs… Bref, on fait avec ce qu'on a!

Malik : J’aimerais une interaction qui dépasse la projection... Quelque chose avec lequel le public entre en « contact » et influe peut-être même sur ce qui nous entoure.

Alex: L'idée du synthé branché dans la télé pour créer des interférences est venue la veille du concert, c'est quelque chose que l'on aimerait développer en complément des projections en jouant sur l'interaction image/son.


Pourquoi cheri cheri jaguar ?

Alex: Ça s'est décidé comme ça, après avoir écouté Cheri Cheri Lady des Modern Talking.
Sacha : Ce clip et ce tube de Modern Talking, Cheri, Cheri Lady, c'est un concentré de ce qui devait se faire de plus story en Allemagne en 85...! Le Jaguar c'est l'oiseau rare, gracieux, bestial, dark, et ça peut prendre plusieurs sens, entre la barbie, la rockstar, l'anarcho-punk et la femme fatale…
Arthur: Je sais pas, le Jaguar c'est cool. J'aimerais en avoir un chez moi, que je nourrirais avec les gens que j'aime pas.

De quoi parlent vos chansons ?

Sacha : De sadisme, de sable, de tempêtes, de noyades, de cynisme, de vent, de monstres, de la mer, de solitude et de métamorphoses. ICE, la face B de Jaguar, est sortie mi-Août sur notre soundcloud, et est une adaptation de The Raven de Poe.


Comment vous procédez pour l'écriture des paroles ? Ça se passe avant la composition ou vous les ajoutez après coup ?

Alex: D'abord la musique, le chant/paroles après. On fonctionne un peu à l'envers… Comme l'a dit Arthur Jaguar est le résultat d'une impro faite juste avant de rencontrer Sacha. Puis Sacha a mit sa voix dessus, on l'a joué 4 fois en répète à New York et on l'a enregistré. Elle est un peu sortie de nulle part.
Malik : Vous avez déjà vu un batteur raconter un truc cohérent vous ? Perso je laisse Sacha faire !


Quel est le futur proche de Cheri Cheri Jaguar ?

Alex: En Octobre on sortira Jaguar notre 1er single en K7/CD, sur Haus Of PINS, un label de Manchester fondé récemment par le groupe PINS. Leur démarche est cool, très DIY mais pas cheap. On est actuellement en train d'organiser la launch party, on vous en dira plus sur ça bientôt !
Pour les concerts, dans quelques jours nous ferons la 1er partie de Beach Fossils au Glazart et nous ouvrirons pour PINS au point éphémère le 25 Octobre.
Malik : L’important c’est qu’on reste heureux.


Pas trop stressés de faire la 1ère partie de Beach Fossils ?

Sacha : Je réalise pas trop mais j'aime bien l'idée de jouer sur une plage comme dans une sitcom, de chanter des histoires de plages, avec un groupe comme Beach Fossils.
Arthur: Ma seule et unique crainte, c'est de casser une corde de ma Gibson, je vais être très excité et quand je suis excité, je gratte fort et ça casse.
Alex: Non, plutôt impatient !
Malik : Stressant non, excitant carrément ! On étais tout les quatre à être public d’un de leurs concert à New York, et là BIM, On joue avant eux. En première partie, à Paris…  Chouette.


C'est quand la dernière fois que vous avez dit 'je ne referai plus jamais ça !' ?

Malik : Je me réveille parfois avec cette réflexion en moi…Mais je le refais quand même…
Sacha : Tout le temps ! C'est bon signe?
Arthur: Comme Sacha, ça arrive super souvent.
Alex: joker


Qu'est ce que vous pensez du téléchargement (il)légal ?

Arthur: C'est un accès universel à la culture certes, mais c'est nul d'obtenir le travail gigantesque des artistes en l'espace de quelques secondes. On perd la valeur des choses et on s'étonne de la mauvaise qualité de ce qu'on entend à la radio…

Sacha : Mon père est auteur-compositeur, alors c'est un débat auquel j'ai beaucoup assisté. Les albums genre à la FNAC sont beaucoup trop chers à leur sortie, et ne propose pas grand-chose d'extra-ordinaire autant d'un point de vue visuel que sonore. Les vinyles neufs ne sont pas toujours bon marché non plus. C'est aussi difficile de trouver les "rarities" en mp3. L'option K7 de Haus Of Pins était une super bonne nouvelle! Mais on ne change pas une culture qui mue, et il existe aussi des gens qui s'en foutent de l'objet.

Alex: Je suis pour. J'ai grandi avec Napster puis Kazaa, je n'aurais jamais découvert certains groupes sans ça. Et au final quand j'aime vraiment un groupe, je vais le voir en concert, j'achète leurs disques/vinyles. Apple propose un ipod permettant de contenir 40 000 morceaux, à 1€ la chanson qui va dépenser 40 000€ pour le remplir "légalement" ?

Malik : Le Cul entre 2 chaises... Ça permet au plus grand monde d’écouter des œuvres cool. Mais quand on sait ce que c’est d’être musicien, le temps, l’argent, l’énergie dépensé… On mérite de ne pas être volé pour notre labeur.


Si vous pouviez tirer une taffe ou deux sur la clope d'une personnalité, ce serait qui ? 

Malik : Je commencerais volontiers la cigarette avec Kurt Cobain. (QUOI ?! KURT COBAIN EST MORT ?!!! )
Sacha : Je ne fume pas !
Arthur: J'ai arrêté mais je reprendrais volontiers avec Keith Richards.
Alex: Le mec qui fumait tout le temps dans X Files "Smoking man". C'était un peu l'allégorie du diable, il était trop cool !

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