Jessica93 - Who Cares


A chaque fois que j'écoute Away de Jessica93 sur Spotify, cet enfoiré me colle trois pubs derrière comme s'il voulait m'indiquer "Hé connasse, t'as cru que t'allais nous la faire à l'envers avec ton morceau de cold shoegaze de huit minutes trente ? Que nenni, tu vas prendre aussi cher que si t'avais écouté trois pop songs radiophoniques de deux minutes trente."
Voilà une des nombreuses raisons qui font de Who Cares un disque à acheter absolument. Car tu n'écouteras pas Away une fois mais dix de suite tant cette mélodie est entêtante et vibrante. Elle en vient à faire partie de toi, elle s'incruste tranquillement dans ton phénotype. Mais si tu veux pas te faire griller la cervelle à coups de pubs Pringles et cie., tu ferais mieux de commander le vinyle au disquaire du coin. 

Une fois que tu as passé l'étape Away - stratégiquement placée en première piste - tu sais que tu vas dérouiller sévère. Ça sent la misère sous le pont à squatteurs d'une autoroute quelconque, la sueur froide et le coton du t-shirt sale qui colle à la peau après une nuit d'errance dans la capitale, les toilettes sales au sous-sol d'un minuscule bar du neuvième arrondissement où tu te demandes ce qui serait pire : y uriner ou y faire l'amour ? (Origines, Sweet Dreams) Mais surtout, ça imite ton corps qui cherche le sommeil quand tu t'endors au lever du soleil, complètement tremblant et que dans ta tête c'est le grand saut en parachute (Poison).
Poisseux et déprimé tu te sentiras à l'issue de l'écoute de French to the bones, cinq minutes trente passées à marteler ton cerveau de désespoir incurable, d'abandon total au vice et au malsain.

Mais qu'importe puisque de l'écoute intégrale de Who Cares tu ressors les remerciements débordants de la bouche, te sentant béni que quelqu'un en 2013 tienne ce discours dans ses tripes, ses accords et son organe vocal. Certes des shoegazeux déprimés l'histoire de la musique en a bercé de nombreux contre les murs mais celui-ci sait comme toi ce qu'il y a de grisant à passer son temps sur un quai de RER, à se faire des cancers à base de Junk Food et à "transpirer d'émotion pour tout ce qui est dégueulasse".



Chronique : Jessyka

A lire également, l'interview de Jessica93 dans le dernier New Noise Magazine, dossier spécial "La France a peur".



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