THIS IS NOT A LOVE SONG : JOUR 4


THIS IS NOT A LOVE SONG : JOUR 4
This is the end, my only friend... chantonnait-on dans la navette retour du dernier soir de festival. Certes toutes les bonnes choses ont une fin, mais difficile de la voir nous filer sous le nez comme ça quand on a apprécié chaque moment de la première à la dernière seconde. Retour sur un dernier soir de folie, entre grande musique et célébration amicale. 

DANIEL JOHNSTON


Place à l'émotion et la poésie : Daniel Johnston arrive sur scène avec ses musiciens et commence par demander dans quel pays nous sommes. Après quelques plaisanteries et présentations, il nous introduit la première chanson avec la question : « Do you think YOUR life is vain? » A ce moment,  chacun pensera à quelque chose de précis ou personnel, mais nous sommes tous là devant lui et il évident qu'à ce moment notre vie n'est pas vaine. La musique commence et l'émotion monte. Sa voix fragile restée enfant tremble un peu et nous donne les frissons nécessaires pour comprendre les choses qu'il nous raconte tendrement. L'ambiance est intime, à chaque fin de chanson il s'arrête pour nous dire quelques mots. Le bonhomme nous touche par sa sincérité, à la fois sage et enfant. Il nous aide à nous vider la tête et à ne garder que le seul désir : envie d'être pour lui une sorte de babysitter, lui faire faire du coloriage et de courir dans les champs en admirant les choses simples de la vie et en écoutant le chant des oiseaux doublé d'un rire franc, celui du bonheur de vivre l'instant présent. Envie d'un petit déjeuner à la française, sur l'herbe ou la terrasse d'une maison de campagne. Même de se balader dans la ville, n'importe laquelle, en évacuant tous les jugements négatifs, les clichés et les préjugés. Être simplement et se faire regard vif, allégorie nécessaire.
Nous l'écoutons sagement et buvons ses histoires, lues sur son carnet de paroles. Paroles qui se révéleront philosophiques. Réflexion sur la vie et sur un mal-être chanté avec simplicité, parce que ce n'est pas si grave finalement alors « Don't be scared. »

FAUVE

En sortant de la grande salle, le peuple de l'indé se presse déjà devant le club pour le concert de Fauve. Malheureusement, tout le monde ne pourra pas rentrer. Bookés bien avant le buzz, il était impossible de prévoir qu'il leur faudrait la graaaaande salle. Mais une thérapie comme celle que constitue leur musique attire forcément du monde. Avec un EP en poche, ce collectif adepte de la sincérité a réussi à mettre le doigt sur l'angoisse et la beauté de centaines de jeunes qui forment désormais leur public. « Porte parole d'une génération », Fauve n'a pas l'intention ni la prétention de l'être. Il y a une partie de notre génération qui se contre-carre des Nuits Fauves et kiffe ses «va-et-vient de taulard», qui n'envisage pas l'amitié aussi vibrante que l'amour façon Blizzard ou Kané. Pour ceux qui veulent vivre en grand et changer ce qui nous accable, se relever et aller toujours plus haut il y a la porte de sortie Fauve. Ces jeunes là veulent proposer des solutions. Ont-ils compris que c'est déjà fait ? Évidemment que le public du Club a trouvé l'ébauche de solutions ce soir-là. Nuits Fauves nous invite à guérir notre instabilité amoureuse, notre peur de s'ouvrir et de ne pas maîtriser. Haut les cœurs apaise la peur de la mort, de la vieillesse et de voir les autres nous quitter. Chaque titre est une invitation à s'unir, à intensifier la vie et réduire les angoisses. C'est la thérapie de la recherche du bonheur, invitation à regarder autour de soi et profiter de ce qu'on ne voit même plus, tristement habitués à un monde qu'on ose même plus regarder en face. Et invitation à s'ouvrir aux autres surtout. Amour et amitié avancent vers toi en tandem à mesure que le set se déroule. Serrer la main du voisin, l'attirer contre son cœur et battre à deux un court instant. Absorber les paroles comme les conseils d'une meilleure amie clairvoyante. Sourire bêtement à l'instant qui se déroule et nous marque au fer rouge. Rire aussi, à gorge déployée, quand le chanteur nous sort un peu de la gravité des morceaux avec quelques blagues. Et puis se dire qu'on va faire des efforts, sortir de cette salle et vivre à 100%, faire le maximum pour ne rien regretter et ne briser personne. Commencer par remercier le collectif pour leur initiative, disponibles et attentifs qu'ils sont. Et puis faire les fauves entre amis pour ce dernier soir de festival, l'esprit refait à neuf.

THE BREEDERS


Alors que tout le monde se bat encore pour aller voir Fauve, la grande salle se prépare à accueillir les Breeders! Kim Deal monte sur scène se préparer et nous accueille avec quelques phrases en français, «Bonsoir, nous sommes les Breeders.» nous sommes tellement touchés! Le premier morceau commence, et déjà nous voilà projetés dans les années 90. Ce groupe mythique composé et recomposé de membres d'autres groupes (Pixies, the Amps...) reconnaissable par sa basse audacieuse et son chant propre à l'époque des Riot Grrrl  nous aura fait danser et vibrer!

LA FEMME

Malgré tous ces grands noms à l'affiche de cette première édition de TINALS, s'il y en a un que j'attendais plus que les autres c'est bien La Femme. J'avais promis à mes pieds et à ma tête un grand moment. Et j'ai eu mal, très mal, une douleur qui vous fait du bien. Comme on nous l'avait dit - ce n'est pas une légende - c'était une sacré décharge électrique qui met en transe, «perce la tête». La salle était pleine, bien sûr, et le public fou. C'était à la hauteur de nos espérances et bien plus encore. Un live orchestré à la perfection, ni trop long ni trop court, et des titres assez bien choisis pour que tout le monde puisse chanter et se déhancher. Que dire de plus, il semblerait bien que le collectif soit en mesure d’envoûter un bon nombre d'entre nous cet été en festival. Merci, mon dieu merci c'était trop bon. Même le type de la sécurité s'est éclaté en mangeant son sandwich sur le côté de la scène et fait les gros yeux quand Marlon se trémoussait torse nu, faisait la diva et nous a emmenés au pays des merveilles.

HANNI EL KHATIB



Pour ce dernier jour de festival, Hanni El Khatib était l'un des artistes que l'on attendait le plus. Et on avait prévu le coup, on était là bien avant l'ouverture de la petite salle qui, au passage, s'est remplie en 2min30 à sa capacité maximale. Les lumières s'éteignent rapidement et plongés dans le noir l'on sent l'excitation monter très vite. Une excitation féminine qui m'empêchera de voir la supercherie les deux premières chansons. Mais où est donc l'amour de mes 18 ans? C'est donc avec inquiétude que j'écoute la suite, l'on reconnaît à peine les titres joués avec si peu de conviction. Le live est soutenu par quelques regards dragueurs qui ne nous font pas frissonner, sur lesquels tombe une mèche dégoulinante de sueur (qui d'après le peu d'efforts physique me semble plutôt être de l'eau). Hanni, où est passé ta virilité légendaire qui était restée bien gravée au fond de mon coeur?...non tu ne m'a pas faite vibrer ce soir là et j'étais triste ! Il semblerait que l'influence de Dan Auerbach des Black Keys – producteur de l'album Head In The Dirt – lui soit monté à la tête. Ses compositions devenues très propres ont déjà près peu de charme sur disque – mis à part Family qui dégomme à l'ancienne – mais deviennent totalement insipides sur scène tant le bonhomme manque de conviction. Si les Black Keys ont réussi à intégrer un bon léché tout en gardant leur sincérité et leur bonne humeur d’antan, il aurait mieux valu laisser Hanni El Khatib s'éclater au pays des crasseux.


BUSY P


Et pour clôturer ce merveilleux festival, Pedro Winter alias Busy P se met aux platines et décharge les parcelles d'énergie qui nous restent. A Paloma il est chez lui et il le sait – il fait partie des parrains de la salle – c'est donc avec aisance qu'il nous mixe pendant plus d'une heure tout Ed Banger sur une projection psychédélique qui retrace le parcours de sa maison de disque. On reconnaît l'atmosphère du label qui nous est maintenant familier ; les fans seront comblés d'entendre des samples de Daft Punk, SebastiAn, Justice  ou encore Mr. Oizo


 Jessyka, Lisa & Alice S.