Heavy Trash au Rockstore, c'est un événement que j'attendais avec une réelle impatience. Le cadre est parfait : on respire l'air des géants qui sont passés par là (Radiohead, Pulp, PJ Harvey, The Kills) et se trouver là un dimanche soir donne une saveur toute particulière à notre week-end - complété par la sensation que l'on va assister à un live qui entrera dans la mémoire de la salle et de la masse de personnes qui se pressaient là pour bien terminer la semaine.
Dès leur entrée en scène, les new yorkais n'ont aucun mal à nous donner le frisson. En accord total du rythme à la chemise (ils portent la même chemise noire ornée de roses), ils font forte impression car chacun d'entre eux porte la marque d'une identité particulière qu'ils n'ont aucun mal à se transmettre, pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
Lorsque l'on se retrouve face à des musiciens aussi charismatiques et coordonnés, il serait aisé de se sentir déstabilisé par un tel ensemble. Seulement, l'on n'a pas le temps de sentir l'ombre d'un malaise traverser nos pensées que déjà le groupe nous met à l'aise. Leur univers si particulier d'un rockabilly aux couleurs sombres ils nous le font visiter sur un rythme de croisière apaisant, nous intégrant parfaitement à celui-ci. L'invitation au voyage est lancée, nous n'avons plus qu'à nous délecter des petites merveilles trouvées en chemin. Ainsi, l'on se laisse aller à fermer les yeux sur Gee, I Really Love You tandis qu'on les garde grands ouverts sur Good Man - admirant sans retenue Jon Spencer, guitare en bandoulière, ne faisant qu'un avec son micro qui côtoie de près sa lèvre supérieure. Là où les Heavy Trash nous prouvent leur talent infini, c'est qu'ils font corps avec leurs instruments tout en laissant place à l'harmonie du groupe. Alors oui, on admire aussi ce contre-bassiste incongru qui trouve le moyen de se faire plus que remarquer derrière cet instrument imposant qu'il n'a pas peur de faire tourbillonner et qu'il soulèvera même en fin de concert. Et que dire de ce batteur - ingénieusement placé sur le devant de la scène - qui nous régalera de ses mimiques tordues et de son sourire probablement alcoolisé ?
Comme l'on s'y attendait, les Heavy Trash n'ont aucun mal à nous séduire puisqu'ils anticipent nos désirs : ils jouent le meilleur de leur discographie et prolongent le rappel quand on se dit doucement qu'on ne peut pas les quitter là.
Lorsque l'on sort dans le froid, un large sourire nous empêche de claquer des dents, tant la sensation d'avoir vu des musiciens qui ont compris le sens du mot "groupe" l'emporte. Les Heavy Trash sont cinq personnalités affirmées, mais ils sont profondément UN.
Jessyka
Photos : Estelle 'Tess' Inzani
Les photos sont géniales !
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