TAKE A DRAG OR TWO W / OH! TIGER MOUNTAIN


C'est au jour à peine tombé que j'ai eu l'honneur de m'attabler en compagnie de Mathieu Poulain et Kid Francescoli - aka Oh! Tiger Mountain - dans le cadre original de l'espace presse du Marsatac histoire de tirer quelques taffes et de leur poser quelques questions. En ressort deux personnalités à la fois attachantes et inspirant le respect tant leur vision de la musique - que l'on partage chez TADOT - semble en adéquation avec le concert qui suivra et dont vous pouvez retrouver le récit juste là.

Salut les Tigres ! Tout d'abord, il faut savoir que vous venez de Marseille, alors ça vous fait quoi de jouer ce soir au Marsatac ? Ça doit être une sorte de consécration, non ?
Mathieu Poulain : Ouais on a gagné !
Kid Francescoli : Oui c'est fini on peut arrêter la musique maintenant ! Non en vrai c'est super de jouer à Marsatac parce que c'est le festival à Marseille qui programme la musique qui est la plus proche de celle que l'on fait et on est sur la grande scène et on est à la maison alors c'est la configuration parfaite pour jouer ce soir.

Le premier album, Sings Suzie, sort le 17 Octobre, vous êtes pas trop stressés ça va ?
M. P : Si, d'ailleurs, cadeau ! (et il nous offre le cd tout juste sorti du pressage) Non en vérité je ne suis pas vraiment stressé, c'est un album que j'aime et dont je suis assez fier. Voilà, il sort prochainement en vinyle et en digital. Et pas en CD !
Ah, ça c'est bien ! Et vous pourriez décrire en quelques mots à nos auditeurs ce à quoi ils peuvent s'attendre à propos de cet album ?
M. P : C'est du rock mais c'est du rock minimaliste, fait maison. Et en gros c'est presque deux ans d' "errance" d'endroits en endroits et c'est assez cinématographique aussi je pense.  Mais c'est surtout minimaliste, il y a beaucoup d'espace dans le disque.

Où est-ce-que l'album a été enregistré ? Vous avez une petite anecdote de studio à nous raconter ?
K F : C'est lui qui a tout enregistré en fait, et il a été fait maison et fait "hôtel" aussi apparemment.
M. P : En fait j'ai enregistré ce disque dans plein d'endroits différents et avec plein d'outils différents. Je n'ai pas de studio donc j'ai fait ça avec les moyens du bord : chez des amis et dans un hôtel puisqu'il y a un moment où je suis resté à Turin en Italie. Il y a un titre qui a été entièrement enregistré dans cette chambre à Turin. Et puis j'ai habité dans différents appartements pendant la durée de l'enregistrement. Donc l'anecdote de studio c'est qu'il n'y a pas de studio en fait !
Et tu penses que ça se sent cette conquête de l'espace quand on écoute l'album ?
M. P : Oui je pense que ça se sent. Au final c'est un petit peu un concept album puisque l'on sent que c'est une succession de moments différents et pas un mois de studio qui ont amené un disque fini, on sent que c'est quelque chose plus dans la durée.

Si on parlait un peu de vos expériences musicales maintenant ! Vous avez récemment fait la première partie d'Anna Calvi, c'était une bonne expérience ?
M. P : Très bonne ! Avec Kid Francescoli sur scène, quand le concert commence on est souvent très bien, c'est un truc de potes quoi !
K F : C'est en plus un concert qui est arrivé très vite, on l'a su deux ou trois jours avant la date donc on l'a fait sans trop réfléchir. Là aussi, c'était dans une configuration "moindre" comme ce soir, c'était à l'Espace Julien qui était complet donc ça fait à peu près 1000 personnes. Et c'était vraiment à moins de 100 mètres de la maison tu vois, on pouvait pas faire plus local que ça.

J'ai lu quelque part que vous avez joué au Festival d'Avignon en 2009, vous pouvez nous parler de cette expérience qui devait être assez étonnante ?
M. P : Alors j'étais sans Kid Francescoli sur ce coup là ! En fait, je travaille aussi à Marseille avec un metteur en scène qui s'appelle Hubert Colas et c'était plus un travail de comédien, même si je jouais aussi de la musique dans le spectacle. C'était l'occasion pour moi d'affiner un peu plus le tir sur Oh! Tiger Mountain, de bénéficier des conseils avisés de quelqu'un qui connaît bien la scène et surtout qui la connaît pas dans le cadre d'un concert de rock. Je pense que ça m'a marqué de manière définitive, à tel point que j'y retourne là. On commence une création avec lui au Théâtre de Gennevilliers à Paris cet hiver.
Et tu penses que ce que tu as appris d'Hubert Colas se sent dans vos lives maintenant ?
M. P : Pas forcément, je dirais qu'il n'y a pas de mise en scène forcée sur le live mais je pense qu'il y a un rapport au public et à la scène qui a l'air comme ça assez évident et assez simpliste mais qui en fait me vient directement de ce que j'ai pu apprendre avec le théâtre contemporain où on essaie de casser la barrière du texte et c'est une sorte de naturel qui doit primer sur la théâtralité et nous aujourd'hui on essaie vraiment de faire ça.
K. F : Mais c'est travaillé quelque part parce qu'en gros le but c'est d'être sur scène en donnant l'impression qu'on y est pas tu vois, de donner l'impression au public que l'on est avec eux.
M. P : Oui voilà, et que l'on est tranquille aussi, on fait pas la messe quoi ! Pas encore, après ça viendra on aura la grosse tête on fera la messe, les Tontons Tourneurs viendront casser des genoux pour qu'on ait la bonne lumière sur scène, ça va venir ça. (rires)


Si vous deviez retenir une expérience musicale parmi toutes, celle qui vous a le plus marqués, ce serait laquelle ?
M. P : Ben, la prison !
K. F : Oui, on a joué à la prison des Baumettes, à la prison pour femmes. C'était il y a quelques mois de ça, on a fait un set Kid Francescoli et Oh! Tiger Moutain, moi je l'avais déjà fait mais on est sortis tout les deux quand même assez remués émotionnellement et psychologiquement. C'était une sacrée expérience !
C'était quel genre d'ambiance ? 
K. F : Déjà le public a pas le même rapport avec les artistes sur scène parce qu'il  y a une certaine façon de se tenir quand tu vas voir un concert en ville et que tu es en liberté - où tu restes quand même poli et tenu - alors que quand tu es en détention tu n'as aucun problème à dire que ça te plaît ou que ça ne te plaît pas, à nous apostropher pendant un morceau. Donc il y avait vraiment un rapport privilégié, on était au milieu d'elles.
M. P : Elles ont fait preuve d'une ouverture d'esprit presque improbable car autant Kid Francescoli que Oh! Tiger Moutain c'était pas prévu que ça aille dans ces endroits là !
Oui c'est pas nécessairement leur genre !
M. P: Voilà et puis c'est pas le choix des associations d'aller au plus petit dénominateur commun et d'essayer de trouver une musique démocratique etc., c'est des choix artistiques importants pour eux . Et au final les détenues ne se sont pas du tout laissées désarçonner par le truc, pour le coup elles étaient vraiment dans les concerts et on sentait quelque chose de fort. Déjà il y avait une scène dans la salle où on jouait mais on a préféré jouer par terre pour être au même niveau. C'était différent d'un concert à la ville puisque l'on s'arrêtait pendant les morceaux, on reprenait, on discutait. Oui, c'était vraiment ça le plus fort !

Votre album sort bientôt, ça on l'a dit, mais quels sont  vos projets après cette sortie ?
M.P : Je pense qu'on va beaucoup tourner à partir du début 2012 surtout vu que je pars en création de théâtre pendant deux mois et demi avec Hubert Colas. Mais après oui on va tourner, on va défendre le disque puisque nous c'est surtout ça qu'on fait : on aime faire des concerts, c'est ce qui nous plaît le plus.

Quels sont vos coups de coeur musicaux du moment ?
M.P : Alors j'écoute vraiment énormément de choses mais en ce moment je suis très fan de Kurt Vile, de Dirty Projectors et de Thee Oh Sees !
K.F : Bon alors moi pour être franc j'écoute à peu près rien de ce qui sort en ce moment, à part Baxter Dury, mais sinon j'écoute beaucoup Roy Orbison.

Et quand vous étiez petits vous écoutiez quoi ?
M.P : Moi c'est un peu particulier puisque j'ai grandi avec des parents qui étaient Beatles-maniaques et Springsteen-maniaques alors je suis marqué à vie par l'album blanc et le Born To Run puisque j'ai grandi avec ça.
K.F : Pour ma part j'écoutais Queen et Nirvana, c'est comme ça que j'ai appris à jouer de la batterie (rires).

Qu'est-ce-que vous pensez du téléchargement illégal ? Je pense que la question se pose puisque vous ne sortez pas votre disque en CD ce qui est un choix pas si étonnant que ça quand on y réfléchit.
M.P : Je pense que personnellement je suis un consommateur de musique lambda, c'est-à-dire que j'utilise tout les moyens qui sont à ma disposition pour consommer de la musique que ce soit de façon gratuite, légale ou illégale. Le téléchargement c'est effectivement quelque chose de nouveau qu'il faut intégrer même si ça change une économie qui était en place depuis quelques années déjà. Cela dit, je suis peut-être un idéaliste, mais je crois que le bien musical n'est pas forcément un bien de consommation comme tout les autres et qu'il y a une démarche de la part du "consommateur" qui est plus à rapprocher du soutien ou du sentiment d'appartenance. Moi j'ai toujours vécu la musique comme la sensation d'appartenir à quelque chose dans le sens où lorsqu'on écoute un style de musique on a l'impression d'appartenir à une famille donc ça revient à mettre des sous dans le pot commun. A notre niveau on est vraiment indé de chez indé alors pour nous le téléchargement c'est pas une menace, au contraire. Du coup c'est plutôt le CD qui devient obsolète avec ces histoires de téléchargement.

Est-ce-que vous avez des rituels avant de monter sur scène ?
M.P : Je peux pas jouer si j'ai des pièces de monnaie ou des machins comme ça dans mes poches. Et j'aime bien mettre ma tenue de scène sur scène. Enfin pas ma chemise etc., j'arrive pas tout nu je te rassure ! Mais j'ai deux ou trois trucs que j'aime bien mettre sur scène pour que les gens voient une espèce de transformation se faire sous leurs yeux.
Et toi Kid, un petit rituel ?
K.F : Moi je fais un petit truc à Mathieu avant de monter sur scène mais je peux pas vraiment te le dire c'est assez intime ! (rires)

Le webzine s'appelle Take A Drag Or Two, si vous pouviez tirer une taffe ou deux sur la cigarette de quelqu'un de connu, ce serait qui ?
M. P : Wow, moi je tirerais bien quelques taffes sur la cigarette de Tom Waits mais je crois qu'il a arrêté de fumer ! (rires)
K.F : Moi je fumerais bien un joint avec Snoop Dog, je pense que ça doit pas être dégueulasse!

Propos recueillis par Jessyka

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